mercredi, mai 09, 2018

Que contient l'actuel accord iranien sur le nucléaire ?

L'accord sur le nucléaire iranien, remis en cause par Donald Trump, avait mis fin en 2015 à 10 ans d'escalade entre Téhéran et la communauté internationale. Le président français propose de s'en servir comme base pour intégrer les exigences américaines.


• L'origine de l'accord

En 2002, on apprend l'existence de deux sites nucléaires iraniens secrets. La communauté internationale soupçonne le pays de vouloir développer plus qu'un programme civil et de tenter de se doter de l'arme atomique, ce qui est rigoureusement interdit par le Traité sur la non-prolifération.
Pour ce faire, il lui est nécessaire d'enrichir très fortement l'uranium. En effet, dans une arme nucléaire, seul l'uranium 235 est susceptible d'être utilisé comme combustible. Or, à l'état naturel, il est très majoritairement composé d'uranium 238 (à 99,3%, contre 0,7% d'uranium 235). À l'époque, on suspecte l'Iran de dissimuler dans ces sites secrets la très complexe opération d'enrichissement, qui doit être réalisée à l'aide de centrifugeuses, reliées en série. Plus elles sont nombreuses, plus on peut enrichir le minerai. Un taux compris entre 3 et 5% suffit pour une utilisation civile. Il doit dépasser les 90% pour un usage militaire.
L'Iran, surtout après l'élection du président Mahmoud Ahmadinejad, se moque des mises en gardes qui lui sont adressées. Elle ne stoppe aucune de ses activités suspectes, augmentant au contraire le nombre de ses centrifugeuses et donc ses chances de produire un uranium destiné à des fins militaires. Si bien qu'en 2006, l'ONU impose des premières sanctions économiques. Celles-ci ne cesseront de se renforcer au fil du temps. L'arrivée au pouvoir du président Hassan Rohani, en 2013, permettra la reprise des négociations qui aboutiront sur l'accord de 2015.

• Le Plan d'action conjoint

L'accord finalement trouvé est baptisé JCPOA pour «Joint comprehensive plan of action», en français, «Plan d'action conjoint» (document PDF). Il a été passé entre l'Iran et les cinq puissances nucléaires du Conseil de sécurité (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) plus l'Allemagne. Ce n'est pas un traité multilatéral, ce qui aurait nécessité une ratification des Parlements des pays impliqués. C'est simplement un accord. Il est signé le 14 juillet 2015. Quelques jours plus tard, le Conseil de sécurité de l'ONU approuve le Plan d'action avec sa résolution 2231 (document PDF). Il entre officiellement en vigueur le 16 janvier 2016 et est prévu pour durer 10 ans. 
Son but est écrit noir sur blanc en préambule: «Garantir que le programme nucléaire de l'Iran sera mené exclusivement à des fins pacifiques.» Il repose sur trois grands principes: la limitation des capacités techniques iraniennes, leur contrôle régulier par l'Agence international de l'énergie atomique (AIEA), le tout en échange d'une levée des sanctions internationales prises sur le volet nucléaire. 
Dans les faits, l'accord prévoit de réduire les capacités d'enrichissement de Téhéran, qui doit restreindre le nombre de ses centrifugeuses actives, de 20.000 à 5060. Le niveau d'enrichissement de l'uranium ne doit être que de 3,67%, bien en deçà du seuil nécessaire pour une application militaire. L'Iran doit expédier à l'étranger son combustible usagé afin qu'il soit traité et réaffirmer «qu'il ne cherchera en aucun cas à obtenir, mettre au point ou acquérir des armes nucléaires». 

• Une remise en cause immédiate

Donald Trump n'a jamais caché son aversion pour cet accord. Avant lui, d'autres Républicains ont fait connaître leur désaccord au précédent locataire de la Maison Blanche, Barack Obama. Comme nous vous l'expliquions, le texte n'étant pas un traité, il n'a pas dû être ratifié par le Congrès américain, dominé par les Républicains. Hostiles, ceux-ci ont fait voter une loi contraignant le président à «certifier» tous les 90 jours que l'accord est bien respecté par l'Iran et ne remet pas en cause la sécurité des États-Unis. 
Arrivé au pouvoir, Donald Trump a commencé par certifier l'accord à deux reprises: les 18 avril et 17 juillet 2017. Le 13 octobre de la même année, il refuse cependant de le faire, tout en annonçant pour le moment respecter les engagements pris par les États-Unis. Même schéma le 12 janvier 2018, mais il exige cette fois que les choses changent avant le 12 mai, prochaine échéance où le président doit donner ou non sa certification à l'accord. 
Donald Trump estime que le Plan d'action ne prévoit pas assez l'avenir, à cause de sa durée trop courte. Il regrette également que la question des missiles Khoramshahr, développés par Téhéran et susceptibles de menacer Israël et l'Arabie Saoudite, les deux grands alliés américains au Proche Orient, n'y soit pas abordée directement. 

• Ce que propose Emmanuel Macron

Pour tenter de maintenir les États-Unis dans le Plan d'action, le président français Emmanuel Macron propose un nouvel accord fondé sur quatre principes: 
- Le maintien du principe des restrictions sur l'enrichissement imposé à l'Iran. C'est le cœur du précédent accord.
- De prévoir l'après 2025, c'est-à-dire après la fin de la période couverte par l'accord actuel. Il s'agit en quelque sorte d'en prolonger les mesures. C'est l'une des attentes de Donald Trump.
- D'adjoindre à cet accord sur le nucléaire une clause sur les activités de développement de missiles balistiques de l'Iran, là aussi comme le demande Donald Trump. La résolution 2231 de l'ONU, qui reprend le plan d'action, l'intègre déjà, enjoignant l'Iran «de ne mener aucune activité liée aux missiles balistiques conçus pour pouvoir emporter des armes nucléaires, y compris les tirs recourant à la technologie des missiles balistiques». 
- Enfin, inclure cet accord dans un cadre plus large permettant de «générer les conditions d'une solution politique qui contiendrait l'Iran dans la région, au Yémen, en Syrie, en Irak et au Liban».
Source : Le Figaro, 26 avril 2018

dimanche, décembre 10, 2017

Investir en iran ?


En juillet 2015, l'Iran a conclu à Vienne avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et l'Allemagne un accord de résolution du conflit sur le programme nucléaire de Téhéran. L'accord, connu sous le nom de Plan d'action global commun (PAGC), a imposé de strictes limites aux activités nucléaires de l'Iran en échange de la levée des sanctions économiques imposées depuis 2010, qui avaient paralysé l'économie iranienne et éprouvé le peuple iranien. Téhéran a ainsi mis en œuvre ses engagements au cours de l'automne 2015 et en janvier 2016, les sanctions ont été levées. Au cours des mois qui ont suivi, de nombreux représentants de sociétés étrangères ont fait le voyage à Téhéran pour étudier une reprise de leurs activités ou une possible entrée dans le pays.
Avec un PIB de 415 milliards de dollars en 2016, l'Iran se classe au 20e rang mondial. À bien des égards, le pays est un marché très attractif parce qu'à fort potentiel. L'Iran compte une population de 80 millions de personnes, dont 70 % sont âgés de moins de 35 ans. Cette population jeune, dynamique, bien éduquée, cherche des produits, des interactions et des opportunités d'échange avec les étrangers. Le pays dispose d'une infrastructure moderne et d'une économie raisonnablement diversifiée. L'Iran, c'est la deuxième plus grande réserve de gaz naturel au monde, la 4e plus grande réserve de pétrole brut et le 12e marché automobile. Les perspectives d'investissement sont prometteuses.
Depuis son arrivée en 2013, le président iranien Hassan Rohani a cherché à stabiliser les conditions intérieures. L'inflation a été réduite de plus de 40 % en 2013 à un peu moins de 10 % depuis 2016, alors que l'économie a recommencé à croître depuis 2014, atteignant une croissance de 4,6 % en 2016. Il a aussi cherché à mettre fin à l'isolement de l'Iran. Le processus de normalisation a été renforcé par la visite de Rohani en France et en Italie au début de 2016. Il a signé des contrats conséquents dont un à plus de 18 milliards de dollars pour la vente de 118 avions Airbus (une opération semblable d'une valeur de 16 milliards de dollars pour l'achat de 80 avions Boeing a également été conclue simultanément). Avec la fin des sanctions, l'Iran a pu augmenter ses exportations de pétrole de 25 %, atteignant 3,7 millions de barils par jours (un niveau similaire à celui de 2011) et générer des revenus de 44,2 milliards de dollars. Les réserves de change internationales de l'Iran dépassent maintenant les 135 milliards de dollars. Rohani vise une croissance du PIB de 8 % par an et veut attirer 50 milliards de dollars d'investissements étrangers.

La République islamique d'Iran accueille favorablement les investisseurs étrangers, à conditions qu'ils soient détenteur d'une licence. Pour obtenir ce précieux sésame, il faut remplir un formulaire que l'on peut se procurer sur le site suivant : www.oietai.ir. Le dépôt de candidature doit être rédigé en anglais. Si le demandeur est un Iranien expatrié ou est originaire du Tadjikistan ou de l'Afghanistan, cette demande peut être rédigée en langue persane.
Une fois sa licence délivrée, l'investisseur étranger doit transférer dans un délai de six mois une partie ou l'ensemble des capitaux qu'il envisage d'investir. En cas de non-respect de ce délai, il pourrait se voir retirer sa licence. S'il souhaite prolonger la durée de validité de cette dernière, il est tenu d'expliquer à l'organisme en charge de la gestion des investissements étrangers le pourquoi de son retard. Rappelons que pour bénéficier des avantages inhérents à la loi régissant les investissements étrangers il doit dès le dépôt de sa demande de licence, déclarer précisément les montants en cash et en nature (machines et pièces d'équipement, matières premières, savoir-faire technique, et tout autre forme de propriété intellectuelle) qu'il souhaite investir (Article 11 de la LAIPVP et l'article 24 du statut).
Parmi les nombreux domaines où les capitaux étrangers sont acceptés on trouve l'agriculture, les transports, les télécommunications, les services, l'eau, le gaz l'électricité et l'énergie. Les étrangers qui investissent dans ces secteurs peuvent bénéficier de fortes exonérations fiscales.
Un investisseur étranger peut également entrer dans le capital d'une société iranienne sous réserve que son investissement crée de la valeur ajoutée. Les investissements sous forme de prêts sont aussi acceptés à condition bien entendu que l'emprunteur local peut garantir le remboursement des sommes reçues.
En Iran les investisseurs étrangers jouissent des mêmes droits que les investisseurs locaux (article 8 de la LAIPVP). Ils peuvent, acquérir des terres s'ils sont détenteur d'une société enregistrée en Iran, investir à 100% dans un projet et faire appel à un arbitrage international en cas de différents. S'ils décident de céder tout ou partie de son capital à d'autres investisseurs étrangers, ils doivent obtenir l'aval du conseil d'administration ainsi que celui des autorités iraniennes (article 10 de la LAIPVP).
En cas d'expropriation, de nationalisation, cette même loi leur garantie la possibilité d'obtenir des compensations de la part du gouvernement Iranien (article 9 de la LAIPVP). Par contre, pour faire auditer leurs comptes annuels ils doivent obligatoirement avoir recours à un cabinet d'audit agréés par l'Association des contrôleurs légaux des comptes d'Iran (articles 22-23 du statut). Les investisseurs étrangers, leurs collaborateurs ainsi que les membres de leur famille se verront délivrer un visa de trois ans renouvelable afin de séjourner en Iran. Ils peuvent rapatrier les bénéfices, les capitaux et intérêts générés par leur investissement s'ils obtiennent l'accord de l'administration Iranienne. Toute demande de rapatriement doit être accompagnée d'un rapport d'audit.

Bien qu'il y ait certainement des signes prometteurs et des opportunités potentielles, il existe aussi un certain nombre d'incertitudes et de faiblesses qui pourraient compliquer un redressement économique et entraver l'investissement étranger et le commerce avec Téhéran. L'Iran est confronté à un déficit budgétaire important de plus de 9 milliards de dollars (équivalent à 2,5 % du PIB) en 2016-2017, alors que sa dette extérieure s'établit à 8,2 milliards de dollars. Les déficits budgétaires du gouvernement peuvent être largement attribués à la baisse des prix du pétrole et des recettes fiscales. De nombreuses entreprises étrangères sont prudentes en raison de l'incertitude créée par l'élection de Donald Trump et des sanctions américaines pesant sur les sociétés de pays tiers qui travaillent avec l'Iran. Beaucoup craignent de violer les sanctions américaines et d'être pénalisées. De plus, l'obtention de financements et d'assurances pour les activités commerciales en Iran peut être problématique. Dans le secteur du pétrole et du gaz, bien que de nombreuses entreprises étrangères aient signé des protocoles d'entente avec l'Iran, aucune entreprise majeure n'a encore conclu un accord réel. Le géant français du pétrole Total a déclaré que son investissement en Iran dépend du respect par les États-Unis du PAGC. Après des années de sous-investissement, le ministre iranien du pétrole, Zanganeh, a admis que l'Iran avait besoin d'un investissement de 100 milliards de dollars dans le secteur du pétrole et du gaz pour relancer ses industries d'hydrocarbures. Avec la peur d'éventuelles sanctions américaines, les entreprises étrangères ne peuvent pas utiliser le dollar américain dans leurs relations avec l'Iran. D'autres obstacles aux relations commerciales avec Iran tiennent à la fréquence des changements dans la réglementation locale et à la corruption qui devient un problème majeur.
Source : Monde économique

dimanche, novembre 05, 2017

Gazprom ira en Iran pour produire du GNL

Le groupe public russe Gazprom a annoncé vendredi des accords avec l'Iran prévoyant sa participation à des projets de gaz naturel liquéfié dans ce pays riche en hydrocarbures ainsi qu'à un projet de gazoducs vers le Pakistan et l'Inde. Signés en marge d'une visite de Vladimir Poutine à Téhéran mercredi, ces contrats constituent "un grand pas dans le développement du partenariat russo-iranien dans le secteur gazier", a souligné le vice-président de Gazprom Vitali Markelov, cité dans un communiqué du géant russe.

L'un de ces contrats a été signé avec l'Organisation iranienne pour la rénovation et le développement industriel (Idro), un organisme d'Etat, prévoit la possibilité de "projets de liquéfaction du gaz pour le vendre à des pays tiers", a précisé Gazprom. Le géant russe a également signé avec la société publique pétrolière iranienne Nioc un accord permettant de démarrer les études de faisabilité d'un projet de gazoduc Iran-Pakistan-Inde ainsi qu'un accord sur un système de production et de transport de gaz naturel sur le territoire iranien.

Surnommé "pipeline de la paix", le projet de gazoduc IPI (Iran-Pakistan-Inde) et a été initié en 1994 dans le but au départ de livrer du gaz iranien à l'Inde en traversant le Pakistan, mais sa construction a été retardée pendant des années par des différends concernant la fixation du prix du gaz et par les relations tendues avec les pays concernés. Depuis quelques années, Téhéran et Moscou ont opéré un net rapprochement à la faveur d'intérêts géopolitiques communs. Les entreprises russes comptent profiter de ces bonnes relations pour bénéficier de la levée des sanctions visant l'Iran permise par l'accord sur le nucléaire de 2015. Mercredi, le géant russe des hydrocarbures Rosneft (semi-public) avait annoncé avoir signé avec Nioc une "feuille de route" pour la mise en oeuvre de projets communs dans le domaine de la production de pétrole et de gaz en Iran.

Cité par l'agence Interfax, le directeur général de Rosneft, Igor Setchine, avait déclaré qu'il était question de "toute une série" de gisements qui seront exploités avec des partenaires iraniens pour un "investissement total" pouvant aller "jusqu'à 30 milliards de dollars". 

Source : Le Figaro

lundi, septembre 25, 2017

la BPI va verser 500 millions d'euros par an aux entreprises françaises

L'Iran sera-t-il le nouvel eldorado des entreprises françaises ? La BPI va en tout cas mettre en place une grande politique d'aide à l'investissement dans ce pays dès 2018.

La banque publique d'investissement BpiFrance va aider les entreprises françaises à s'implanter en Iran en leur accordant jusqu'à un demi-milliard d'euros de crédits par an dès 2018, l'institution ne risquant pas de sanctions américaines pour rupture d'embargo, a affirmé son directeur général.

BpiFrance va ainsi distribuer aux groupes de l'Hexagone "des crédits acheteurs qui pourront atteindre jusqu'à 500 millions d'euros par an" pour leur activité dans ce pays, a déclaré Nicolas Dufourcq dans un entretien au Journal du dimanche (JDD).

"Sauf cas de force majeure, nous serons à leurs côtés début 2018" dit-il, précisant: "Nous sommes la seule banque française à pouvoir le faire sans encourir de sanctions américaines pour violation des règles d'embargo toujours en vigueur".

"Toutes les grandes entreprises sont sur la ligne de départ", affirme le dirigeant de la banque publique qui publie ses résultats semestriels lundi.

Interrogé sur ces derniers, M. Dufourcq indique: "Nos nouveaux crédits à l'investissement ont augmenté de près de 20% (...) et nos investissements en capital ont doublé, notamment dans la tech et les fonds d'investissement partenaires".

Au premier semestre, BpiFrance a par ailleurs "accueilli l'activité assurance export de la Coface". "L'assurance crédit a crû de 67% au cours des six derniers mois. Nos actionnaires recevront des dividendes supérieurs à l'an dernier", précise le directeur général de BpiFrance.

Le spectre des sanctions américaines


Les grandes banques internationales refusaient jusqu'ici de travailler avec l'Iran, par crainte des sanctions américaines, malgré l'entrée en vigueur en janvier 2016, de l'accord nucléaire qui a permis la levée partielle des sanctions internationales.

Mais l'Iran a récemment signé un premier crédit-cadre avec une banque européenne, l'autrichienne Oberbank, pour un milliard d'euros et a obtenu deux lignes de crédit, l'une de 8 milliards d'euros auprès de la sud-coréenne Exim Bank, l'autre de 10 milliards de dollars auprès de la chinoise CITIC Bank.

Très hostile à l'accord nucléaire, le président américain Donald Trump doit notifier au Congrès le 15 octobre, si Téhéran respecte ses engagements. S'il annonce que ce n'est pas le cas, alors le Congrès pourra réimposer les sanctions contre le pays.


La Tribune, 24 septembre 2017

dimanche, septembre 24, 2017

Premier crédit-cadre avec une banque européenne

La banque autrichienne Oberbank a annoncé avoir conclu jeudi le premier crédit-cadre d'un établissement bancaire européen avec l'Iran afin de doper les exportations vers ce pays, dix-huit mois après le début de la levée des sanctions liée à l'accord nucléaire de 2015. L'accord était "très attendu par les exportateurs autrichiens" et doit permettre la finalisation de "plusieurs contrats" dépendant de ces financements, a indiqué Oberbank. Selon la Banque centrale d'Iran, cet accord cadre de crédit doit bénéficier à "14 banques iraniennes" pour un montant maximal d'un milliard d'euros. Les ressources mises à leur disposition par Oberbank "seront allouées au financement de projets publics et privés d'infrastructures et de production approuvés", par les autorités iraniennes, ajoute la Banque centrale dans un communiqué publié sur son site internet. Couvert par la société d'assurance-crédit autrichienne OeKB, l'accord porte sur "le financement d'investissements dans les infrastructures (ferroviaires, hydrauliques, photovoltaïques), la santé et la construction d'équipements", précise Oberbank.

"Nous sommes fiers d'être la première banque européenne à avoir conclu cet accord-cadre, après un an et demi de négociations intensives", a annoncé son PDG, Franz Gasselsberger, dans un communiqué. Depuis la signature de l'accord sur le nucléaire iranien en juillet 2015, l'Iran a déjà signé des accords similaires avec des établissements bancaires en Corée du Sud et en Chine pour un montant de plus de 35 milliards de dollars (29 milliards d'euros), selon la Banque centrale iranienne. Oberbank, qui avait conservé des contacts avec l'Iran même du temps des sanctions internationales, indique gérer déjà les comptes en euros de onze banques iraniennes. Dans un contexte d'incertitudes assorti de menaces du président américain Donald Trump de dénoncer l'accord nucléaire, Oberbank a précisé être "préparée" à tous les scénarios et veiller à ne pas enfreindre la loi américaine.

Établissement provincial basé à Linz (nord de l'Autriche) et coté à la Bourse de Vienne, Oberbank a réalisé en 2016 un bénéfice net de 181 millions d'euros, en hausse de 8,9%, et un total de bilan de 19,16 milliards d'euros. La banque autrichienne est propriété à 26% du groupe bancaire italien UniCrédit.

Source : Le Figaro, AFP

mardi, août 08, 2017

Renault signe un accord de 660 millions d’euros en Iran

L’accord prévoit la construction de 300 000 voitures par an à terme. Près d’un tiers de la production sera destiné à l’exportation.

Renault consolide sa présence en Iran. Le constructeur automobile y a signé lundi 7 août un accord de 660 millions d’euros afin d’y produire, à terme, 300 000 véhicules par an. Ces investissements passeront par la création d’une coentreprise détenue par Renault (60 %), l’Organisation pour la rénovation et le développement industriel (20 %) – un organisme public iranien – et la société privée iranienne Parto Neguine Nasseh (20 %).

« Nous sommes heureux de signer cet accord historique, a déclaré Thierry Bolloré, le numéro deux du groupe français, qui a signé l’accord. Pour Renault, l’Iran est connu pour sa grande capacité industrielle, ses infrastructures pour l’industrie automobile, les compétences de ses ressources humaines et sa position géopolitique unique. »

« La première phase de cet accord d’une valeur de 660 millions d’euros prévoit la construction de 150 000 voitures » par an, a détaillé Mansour Moazami, le patron de l’Organisation pour la rénovation et le développement industriel. Les premières voitures ainsi produites seront vendues d’ici un an et demi, a-t-il encore précisé.

Installation d’une coentreprise au sud-ouest de Téhéran

La seconde phase du projet commencera en 2019 et durera trois ans. Selon les termes de l’accord, 30 % des véhicules et des pièces détachées produits dans cette usine iranienne seront exportés.

La coentreprise sera installée à Saveh, à environ 120 kilomètres au sud-ouest de Téhéran, dans une usine déjà existante qui sera développée et modernisée. Elle produira des modèles Renault Symbol et Duster de Dacia, marque roumaine rachetée par Renault.

Un « accord stratégique » avait été signé en septembre 2016 à Paris entre Renault et le ministre de l’industrie iranien, Mohammad Reza Nematzadeh, pour la création de cette nouvelle entreprise commune.

Le contrat prévoit que la coentreprise travaillera « avec 15 entreprises iraniennes pour la fourniture de pièces détachées », selon M. Nematzadeh, qui assistait à la cérémonie de signature. « Nous espérons faire passer ce chiffre à 60 entreprises », a-t-il ajouté. Mais, ces entreprises devront satisfaire les conditions de qualité et de prix, généralement déterminantes.

Deux millions de véhicules en 2020

« Il s’agit d’un contrat unique en termes d’investissement, de transfert de technologies, de localisation, du développement des talents iraniens, de la création d’un centre d’ingénierie et de la production de voitures modernes (…) et d’exportation », a pour sa part souligné M. Bolloré.

« Renault a prouvé son engagement avec sa présence sans discontinuité depuis le début de ses opérations en 2004 en Iran et cette signature confirme notre (…) engagement pour des opérations à long terme en Iran », a-t-il poursuivi. Renault est déjà présent dans ce pays de 80 millions d’habitants avec une capacité existante de production de 200 000 véhicules par an.

Le constructeur français estime que la production automobile en Iran devrait atteindre deux millions de véhicules par an en 2020. Le 21 juin 2016, le groupe français PSA avait déjà signé un accord de coentreprise avec Iran Khodro, scellant son retour industriel dans le pays dans la foulée de la levée de sanctions internationales, après l’accord sur le nucléaire iranien.

Depuis cet accord conclu en juillet 2015 entre l’Iran et les grandes puissances, les compagnies françaises ont fait un retour en force en Iran, et poursuivent leur implantation en dépit de la pression des Etats-Unis, qui ont adopté depuis de nouvelles sanctions contre l’Iran.

Source : Le Monde et AFP

mardi, juillet 18, 2017

Les difficultés des investisseurs français en Iran

Cela fait bientôt deux ans que l’accord sur le nucléaire a été signé avec l'Iran. Sur place, les entrepreneurs français doivent toujours faire face aux problèmes de transferts d'argent et à l'incertitude de la politique américaine.

L’eldorado iranien existe-t-il vraiment ? Depuis la levée des sanctions et l’accord sur le nucléaire iranien, de nombreux investisseurs français tentent leur chance sur ce marché très prometteur.
Il y a, bien sûr, les grandes entreprises comme Renault, PSA ou Airbus mais aussi de petits entrepreneurs comme Xavier Monard et Romain Quénet, deux partenaires qui ont ouvert une boulangerie à Téhéran.

"On a été obligé de venir avec nos sous dans la poche"

Une tour Eiffel à Téhéran. L'image n'est pas banale. Au café Tartine, une boulangerie française implantée dans un centre commercial de la capitale iranienne, Français Xavier et Romain, les deux gérants, ont voulu recréer un bout de France. La décoration rappelle Paris, les croissants sortent du four et la clientèle est plutôt aisée. Alors pourquoi sont-ils venus en Iran ? "C'est une très bonne question qu'on se pose aussi de temps en temps", répond Xavier Monard.
J'ai connu des endroits difficiles. Ici, c'est particulièrement difficile.
Xavier Monard, co-gérant de Au café tartine à Téhéran
à franceinfo
Cela fait bientôt deux ans que l’accord sur le nucléaire a été signé et que les deux Français sont installés à Téhéran. Xavier se souvient de leur arrivée à Téhéran : "Nous avions la possibilité de faire un virement bancaire pour pouvoir transférer nos fonds pour pouvoir investir ici, donc on a été obligés de venir avec nos petits sous dans la poche, dans la limite légale des 10 000 euros par transfert, pour pouvoir les déposer ici."

Le traumatisme BNP Paribas

Aujourd’hui encore, le paiement des fournisseurs français des deux boulangers est compliqué. Les cartes de crédit internationales ne fonctionnent pas, car aucune grande banque européenne n’accepte de travailler avec l’Iran pour l’instant. Elles sont échaudées par l’amende géante de 9 milliards de dollars infligée à la BNP en 2014 pour violation de l’embargo américain.
Pour aider les entreprises françaises, le Medef a ouvert un bureau il y a quelques mois à Téhéran. "C'est certain que l'amende reçue par BNP Paribas a créé un vrai traumatisme dans la communauté bancaire française et européenne", explique Mathieu Etourneau, le responsable de ce bureau.

L'incertitude Trump

"Il y a en plus une incertitude politique avec l'élection de Donald Trump,poursuit Mathieu Etourneau. On a encore un peu de mal à déterminer quelle sera sa politique sur l'Iran donc tout cela crée un climat qui n'est pas forcément favorable à l'investissement étranger en Iran."
Le verrou américain est celui qui sera le plus difficile à faire sauter. Les sanctions liées au nucléaire ont été levées mais pas les interactions économiques entre les États-Unis et l’Iran. Le meilleur moyen de conquérir le marché iranien, c’est prendre son temps. Xavier et Romain, les deux investisseurs boulangers le savent : rien que pour obtenir le droit d’importer leurs graines de café, il a fallu un an !
Source : France Info



lundi, juillet 03, 2017

Total signe un accord gazier en Iran malgré les pressions américaines

Le groupe français Total, à la tête d'un consortium international avec le chinois CNPCI, a signé lundi un accord gazier de 4,8 milliards de dollars avec Téhéran, malgré les pressions de Washington qui envisage de nouvelles sanctions contre l'Iran.

En vertu de ce contrat d'une durée de 20 ans, le consortium investira deux milliards de dollars (1,76 milliard d'euros) dès la première étape du développement de la phase 11 du vaste champ gazier offshore Pars-Sud.

Total devient ainsi la première grande compagnie occidentale du secteur des hydrocarbures à revenir en Iran depuis la levée partielle des sanctions internationales en janvier 2016, en vertu de l'accord nucléaire signé en 2015 avec les grandes puissances, dont la France et les États-Unis.

"Aujourd'hui est un jour historique pour Total, le jour où nous revenons en Iran", a déclaré le PDG du groupe Patrick Pouyanné lors de la signature de l'accord à Téhéran. 

"J'espère que cet accord entre une grande société européenne, française, et l'Iran va donner des idées à d'autres sociétés de venir en Iran parce que le développement économique c'est la façon aussi d'apporter la paix", a déclaré à l'AFP M. Pouyanné.

"Nous sommes là pour construire des ponts et pas pour faire des murs, nous nous développons en Iran au Qatar, aux Émirats, partout où nous pouvons le faire", a-t-il ajouté.

"Nous n'oublierons jamais que Total a été le précurseur", a pour sa part lancé le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namadar Zanganeh.

Selon lui, l'industrie des hydrocarbures iranienne a besoin de 200 milliards de dollars (176 milliards d'euros) d'investissement sur les cinq prochaines années.

L'Iran dispose des deuxièmes réserves mondiales de gaz, après la Russie, et des quatrièmes réserves mondiales de pétrole, mais les compagnies étrangères restent globalement réticentes à investir dans ce pays en raison de sanctions américaines toujours en vigueur. 

Total a même nommé une personne chargée de surveiller et s'assurer que les mesures américaines à l'encontre de l'Iran sont respectées. En évitant en particulier que l'argent soit acheminé aux Gardiens de la révolution, armée d'élite du régime, qui contrôlent de larges secteurs de l'économie, mais dont le rôle est dénoncé par les États-Unis.

- Europe contre États-Unis -

En vertu de l'accord conclu avec Total, le groupe français détiendra 50,1% des parts du consortium qui exploitera le champ gazier, suivi du groupe China National Petroleum Corporation (CNPCI) avec 30% et de l'Iranien Petropars (19,9%).

Le PDG de Total a rappelé que son groupe "avait une longue histoire en Iran", évoquant le développement des phases 2 et 3 de Pars-Sud dans les années 1990. 

Le gaz produit "alimentera le marché domestique iranien à compter de 2021", a précisé à l'AFP un porte-parole de Total.

L'objectif est d'atteindre une production de 400.000 barils équivalent pétrole par jour. Les responsables iraniens misent sur un revenu de 54 milliards de dollars aux prix actuels durant les 20 ans que durera ce contrat.

La signature de l'accord avec Total intervient quelques jours après une tournée du ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, en Europe. 

M. Zarif avait été reçu vendredi par le chef de l'État français Emmanuel Macron après avoir rencontré le président allemand Frank-Walter Steinmeier et le Premier ministre italien Paolo Gentiloni.

Téhéran cherche à renforcer les relations avec l'Union européenne, face à une administration américaine hostile.

"Malgré l'hostilité déraisonnable des États-Unis, l'UE reste engagée à l'égard de l'accord nucléaire et de l'entente constructive" avec l'Iran, avait écrit M. Zarif dans un tweet.

- Difficultés pour investir -

L'administration Trump dénonce régulièrement l'accord nucléaire de 2015, et la Maison Blanche a annoncé pour les prochaines semaines un réexamen de la politique américaine en ce qui concerne cet accord.


Mi-juin, le Sénat américain a voté en faveur d'un projet de loi en faveur de nouvelles sanctions contre l'Iran, accusé de "soutien à des actes terroristes internationaux". Il doit encore être examiné par la Chambre des représentants.

Les grandes banques internationales hésitent à travailler avec Téhéran par crainte de mesures punitives de Washington. La probabilité d'un renforcement des sanctions a aussi refroidi les ardeurs de sociétés comme le groupe d'hydrocarbures britannique BP alors que d'autres entreprises comme Shell (Pays-Bas/Royaume-Uni) ou Gazprom (Russie) ont pour l'instant conclu seulement des accords préliminaires. 

"Les compagnies qui opèrent en Iran vont continuer à affronter une série de problèmes structurels, notamment la corruption, la bureaucratie, une instabilité potentielle" et la réticence de certains notamment dans la classe politique "à permettre une implication étrangère dans l'économie", souligne la société consultante BMI Research dans une note publiée lundi.

Depuis la levée des sanctions, Total est la troisième grande entreprise française à revenir en Iran, après les groupes automobiles PSA et Renault.

vendredi, juin 23, 2017

Début des exportations de gaz iranien vers l'Irak en vertu d'un accord majeur

L'Iran a commencé à exporter du gaz vers Bagdad en vertu d'un accord qui devrait faire de l'Irak le premier importateur de gaz iranien, a annoncé mercredi soir le ministère du Pétrole. 

"L'exportation de gaz naturel iranien vers Bagdad a commencé mercredi soir", a annoncé le vice-ministre du Pétrole, Amir Hossein Zamaninia, cité par le site d'information du ministère. 

"L'exportation a commencé au rythme de 7 millions de mètres cubes par jour et devrait s'élever à 35 millions m3", a précisé le responsable cité par Shana. 

L'annonce est intervenue deux jours après une visite en Iran du Premier ministre irakien, Haider al-Abadi, effectuée à la suite d'un déplacement en Arabie saoudite, grand rival régional de Téhéran, sur fond de tensions diplomatiques dans le Golfe. 

Un nouveau gazoduc lie l'ouest de l'Iran à Bagdad, tandis qu'un autre devrait transporter du gaz du sud-ouest iranien vers la ville de Bassora, dans le sud de l'Irak. 

Ces deux gazoducs devraient porter à terme à 70 millions m3 par jour les importations irakiennes de gaz d'Iran. 

L'Iran, qui possède les deuxièmes réserves mondiales de gaz, pompe 600 millions de m3/jour. 

Si les exportations de pétrole iranien ont quasiment doublé depuis la levée des sanctions internationales en vertu de l'accord nucléaire signé en 2015, la majeure partie du gaz produit est destiné à la consommation intérieure --notamment en raison d'un manque d'infrastructures pour l'exportation. 

La Turquie était jusque-là le seul client du gaz iranien, important environ 30 millions m3 par jour en vertu d'un accord conclu en 1996. 

L'Iran avait conclu en 2013 un premier contrat d'exportation de gaz à Bagdad et un second en 2015 portant sur l'exportation du gaz à Bassora. 

Téhéran cherche à développer son marché du gaz alors qu'elle continue à lancer de nouvelles phases de production dans le champ gazier Pars Sud qu'il partage dans le Golfe avec le Qatar et représente le plus grand gisement de gaz naturel au monde. 

L'Iran et l'Irak, qui se sont livré une guerre sanglante entre 1980 et 88, se sont beaucoup rapprochés après la chute de Saddam Hussein. 

En savoir plus sur http://www.atlasinfo.com

dimanche, mai 21, 2017

Une économie encore trop fermée au Monde, mais qui ne demande qu'à s'ouvrir !

Dans un communiqué de l’Elysée, M. Macron a souhaité, suite à la réélection du président iranien, que « ce nouveau mandat confirme l’amélioration des relations anciennes entre la France et l’Iran ». Le chef de l’Etat Français a demandé « au gouvernement français de travailler activement à l’intensification des liens économiques, scientifiques et culturels avec l’Iran ».

Il est vrai que l'économie iranienne reste encore trop fermée à l'investissement international faute notamment de trouver des financements. 

Voici les extraits d'un interview réalisé par  le magazine Capital avec Mohammad Amin, analyste et chercheur associé à la FEMO (Fondation d’études pour le Moyen-Orient) et co-auteur d’Où va l’Iran ? (Regards croisés sur le régime et ses enjeux d’influence) (éditions Autrement).


Selon Mohammad Amin,  l’accord sur le nucléaire n’a pas eu les effets escomptés car l’économie iranienne reste sous contrôle du régime. 

Capital : Hassan Rohani, le président sortant, est attaqué sur son bilan économique par ses adversaires. Celui-ci est-il réellement catastrophique ?

Mohammad Amin : La population iranienne attendait beaucoup de l’accord sur le nucléaire, entré en vigueur en 2016 : celui-ci a levé une partie des sanctions dont était victime le pays à cause de son programme nucléaire controversé. Malheureusement, il n’y a pas eu de retombées concrètes pour la population. Le chômage est toujours élevé (12,5% officiellement, mais il atteint plus de 40% selon des économistes indépendants), la baisse de l’inflation (de 35% en 2013 à 9% en 2017) ne s’est faite qu’au prix d’une récession, et de nombreuses banques ou caisses de retraite sont aujourd’hui en faillite. Cela s’explique par le fait qu’il est toujours compliqué de faire du business en Iran : de nombreuses banques ne veulent pas financer des projets. Mais aussi parce que l’Iran n’est toujours pas une économie de marché et qu’il s’agit même de l’une des plus fermées du monde : le guide suprême Ali Khamenei et les Pasdarans (une milice à son service, ndlr.) contrôlent plus de 50% du PIB, notamment les banques, les assureurs et de nombreux acteurs pétroliers. Ce sont eux qui détiennent les clés de la politique économique, Hassan Rohani n’a presque aucun levier. En le rendant responsable de la mauvaise situation économique du pays, ils essayent de détourner l’attention de la population pour la garder sous contrôle.

Capital : Pourtant, la levée des sanctions a été très bénéfique pour l’industrie pétrolière, dont les exportations ont bondi. Pourquoi cela n’a-t-il pas amélioré la situation économique du pays ?

Mohammad Amin : Oui, l’Iran a plus que doublé ses exportations de pétrole entre 2013 et 2017 (de 1 million de barils par jour à 2,4 millions aujourd'hui), mais ces recettes supplémentaires sont utilisées par le régime iranien pour ses aventures guerrières, notamment en Syrie (selon mes estimations, 10 milliards sont dépensés annuellement pour l’effort de guerre là-bas mais aussi pour maintenir les structures du pouvoir en place), mais aussi en Irak ou au Yémen. L’économie iranienne est l’otage de ces guerres extérieures, qui servent à légitimer l’existence des Pasdarans.

Capital : Donald Trump, le président américain, est-il une menace pour l’accord ? Il a promis de le déchirer pendant la campagne présidentielle et été très véhément envers le pays.

Mohammad Amin : Je ne pense pas qu’il remettra l'accord en cause, mais il sera très vigilant sur son application. Il a déjà d’ailleurs pris quelques mesures : il a sanctionné le géant chinois ZTE à cause de ses relations avec une société de télécommunication en Iran. Et contrairement à Barack Obama, qui avait organisé sa politique au Moyen-Orient en fonction de ses rapports avec l’Iran, Donald Trump semble plus prompt à s’opposer aux ingérences du régime iranien. Mais cela ne veut pas dire qu’ils ne trouveront pas un moyen de s’entendre : si l’Iran renonce à sa politique belliqueuse, Donald Trump sera sûrement prêt à trouver un terrain d'entente.

Sources : Capital, Le Monde

samedi, mai 20, 2017

L'économie iranienne suit une convalescence encourageante

La croissance est redevenue vigoureuse en Iran, mais les sanctions américaines résiduelles dissuadent l'investissement.

C'est l'histoire d'une ruée vers l'or lancée il y a deux ans et qui n'a encore pas donné de pépites. La levée des sanctions internationales de l'Iran initiée en juillet 2015 devait susciter un afflux d'investissements étrangers de 50 milliards de dollars par an, se vantait le président Hassan Rohani. En fait, son vice-président, Eshagh Jahanguiri, a reconnu récemment que seulement… 2 milliards ont été injectés dans le pays depuis lors. La faute au maintien de sanctions américaines qui dissuadent les banques occidentales de travailler en dollars en Iran, au point que le pays est un des rares au monde où les cartes bancaires internationales ne servent à rien.

Tout établissement financier se verra fermer l'immense marché des Etats-Unis s'il s'avère qu'il fait affaire avec des pasdarans listés comme terroristes par l'Ofac américain, un risque élevé vu l'opacité du monde des affaires iranien. Les pasdarans, qui détestent la concurrence des étrangers et contrôlent beaucoup d'actifs économiques, ne sont d'ailleurs pas les derniers à se réjouir de ce blocage. Ceux qui investissent en Iran sont ceux qui ont peu d'intérêt aux Etats-Unis ou disposent des moyens de faire le travail de « due diligence » permettant de vérifier, en liaison avec Washington, que leurs partenaires ne sont pas liés aux pasdarans, explique un observateur.

Les importateurs se débrouillent toutefois, « en payant en cash, en réalisant du troc, par exemple viande contre tapis, ou en utilisant les services d'un agent à l'étranger », souligne Mortez Miri, vice-président de la Maison de l'industrie, des mines et du commerce. D'autres utilisent des petites banques allemandes, italiennes ou chinoises, à l'image du patron d'une firme de matériel électrique, Said Jannesarghamsari. Qui salue « l'ouverture d'une porte, malgré les déceptions inévitables sur le niveau de vie et le chômage ». « Mais il faut voir qu'on vient de loin », précise-t-il. « Il est impossible de résoudre des décennies d'isolement du jour au lendemain, mais on est sur la bonne voie, avec une stabilisation de la monnaie, la chute spectaculaire de l'inflation, et même un début d'amélioration du niveau de vie puisque les salaires augmentent de 12 % en rythme annuel », renchérit Negar Tiermourzaedh, patronne du cabinet de conseil stratégique Sarcheshmeh.

Grâce notamment à une gestion un peu plus rigoureuse des dépenses publiques que sous l'ère Ahmadinejad, l'inflation est passée de 40 % il y a quatre ans à 9,5 % aujourd'hui. Alimentée notamment par les exportations de pétrole , remontées à 2,5 millions de barils par jour, contre 1 million sous les sanctions, la croissance s'avère vigoureuse, à 6,6 % en rythme annuel en mars dernier (le FMI ne prévoit pas plus de 4 % sur les douze prochains mois), mais insuffisante pour faire reculer le chômage touchant 12,5 % de la population active, voire 27 % chez les jeunes, souligne l'économiste Mohammad Hashem Pesaran. Chaque année le pays « produit » deux fois plus de diplômés de l'enseignement supérieur que d'emplois.

En sus d'une hypothétique levée des sanctions américaines résiduelles, le chantier du prochain président sera de réduire une pauvreté qui touche un Iranien sur trois (le SMIC ne dépasse pas 250 euros), de limiter la dépendance aux hydrocarbures, qui représentent toujours plus de 90 % des exportations et la majorité des recettes fiscales, et de s'attaquer aux sureffectifs clientélistes d'un secteur public hypertrophié. Elargir l'assiette fiscale aux fondations religieuses exonérées, les puissantes Bonyad, semble aussi indispensable. Des décisions contraires aux convictions affichées par Raissi.

Source : Les Échos

samedi, mai 06, 2017

Les arrivées de touristes étrangers tirent l’Iran de 32 milliards de dollars en quatre ans

 Les touristes étrangers ont dépensé quelque 32 milliards de dollars en Iran au cours des quatre dernières années, a déclaré un responsable de l’Organisation du patrimoine culturel, du tourisme et de l’artisanat. Au total, 19,9 millions de voyageurs ont visité le pays au cours de la période mentionnée (mars 2013 – mars 2017), IRIB a cité le directeur adjoint de CHTHO, Morteza Rahmani-Movahhed, le 23 avril.

Le transport, l’hébergement et même l’achat de souvenirs sont parmi les paramètres pris en compte pour calculer la somme, a ajouté Rahmani-Movahhed.

« Dans le cadre d’une définition acceptée dans le monde entier, un touriste est référencé chez quiconque reste 24 heures sur 24 dans un pays étranger sans avoir d’emploi ou d’entreprise », a déclaré Khabaronline.

« Selon l’Organisation mondiale du tourisme des Nations Unies, un voyageur [typique] en Asie de l’Ouest passe entre 1 208 $ et 1 750 $, de sorte que nous avons utilisé une moyenne de 1 650 $ pour calculer le revenu », a expliqué le responsable.Le gouvernement a mis beaucoup d’efforts pour relancer les entreprises de tourisme et d’accueil depuis que le président sortant Hassan Rouhani a pris ses fonctions en août 2013.

En janvier, le directeur de CHTHO, Zahra Ahmadipour, a mis l’accent sur la respiration d’air frais dans le secteur afin de saisir le boom des arrivées à l’étranger et d’obtenir une croissance durable.

L’Iran considère le tourisme comme une fontaine de richesse, cherchant à tirer le meilleur parti de l’atmosphère positive créée à la suite de la JCPOA, un accord nucléaire historique signé entre l’Iran et six puissances mondiales en janvier 2016.

Le pays a conservé son classement mondial le plus élevé dans la catégorie « compétitivité des prix » de l’indice de compétitivité du tourisme et du tourisme de 2017, qui montre combien il est coûteux de voyager ou d’investir dans un pays. Le rapport biennal a été publié par le Forum économique mondial le 5 avril dernier.


En savoir plus sur http://mediaguinee.org/

Iran/développement de l'aéroport de Téhéran: Bouygues jette temporairement l'éponge

Le géant de la construction Bouygues, qui avait signé début 2016 au côté du gestionnaire des aéroports de Paris, ADP, un protocole d'accord pour développer l'aéroport de Téhéran en Iran, a temporairement jeté l'éponge, a indiqué Bouygues vendredi.

"Le protocole d'accord que nous avions signé à l'occasion de la visite du président iranien Hassan Rohani à Paris, en janvier 2016, pour construire et exploiter un terminal supplémentaire de l'aéroport de Téhéran a été annulé", a dit à l'AFP un porte-parole de Bouygues, confirmant une information de La lettre de l'expansion.

"Mais des discussions se poursuivent avec les autorités iraniennes", a-t-il toutefois ajouté.

Candidats ensemble depuis des années, Bouygues Construction et ADP ont rencontré des difficultés pour assurer le financement de ce vaste projet en raison de l'embargo économique en vigueur contre l'Iran, selon une source proche du dossier. Les banques américaines, en particulier, se montrent très réticentes à apporter leur concours.

En février dernier, Groupe ADP avait déjà annoncé avoir renoncé à participer à cet appel d'offres, tout en indiquant "porter auprès du gouvernement iranien" des projets de sa filiale ADP ingénierie.

De son côté le groupe Vinci, qui avait lui aussi signé en janvier 2016 un protocole d'entente pour développer les aéroports de Mashhad et d'Ispahan, a conclu un accord avec Téhéran sur les termes du premier projet, mais est "toujours en pleines discussions" pour le deuxième, a indiqué une porte-parole à l'AFP.

"Mais il n'y a pas eu d'avancées concrètes, encore moins opérationnelles", a-t-elle ajouté.

Une partie des sanctions économiques imposées à l'Iran a été levée depuis mi-janvier 2016, en vertu de l'accord conclu en juillet 2015 sur le programme nucléaire iranien avec les grandes puissances, dont les Etats-Unis.

Cela a notamment permis une reprise des exportations iraniennes de brut et une accélération des échanges commerciaux avec l'UE.

Mais le mois dernier, les Etats-Unis ont imposé une amende de 1,2 milliard de dollars au géant chinois des télécommunications ZTE pour avoir violé l'embargo contre l'Iran et la Corée du Nord, promettant une sévérité accrue contre les entreprises étrangères.

En 2014, la banque française BNP Paribas avait accepté de verser près de 9 milliards de dollars d'amende pour des transactions illicites notamment en Iran.

Source : AFP

vendredi, mai 05, 2017

L'Iran, nouvel eldorado pour la Suisse? En un an l'euphorie s'est bien évaporée

Des voix témoignent du gel des projets dans le pays. En cause, la menace de sanctions américaines.

Plus d'une soixantaine de participants étaient présents jeudi matin au forum «Doing business in Iran», organisé par l'université Webster sous l'égide du professeur Dominique Jolly. Face à eux de plusieurs intermédiaires accompagnant les sociétés étrangères en République islamique, à l'instar de Charbanou Jochum-Maghsoudnia, patronne du cabinet Persian Bridge Exchange spécialisé dans la santé et les cosmétiques.

Plus d'une soixantaine de participants étaient présents jeudi matin au forum «Doing business in Iran», organisé par l'université Webster sous l'égide du professeur Dominique Jolly. Face à eux de plusieurs intermédiaires accompagnant les sociétés étrangères en République islamique, à l'instar de Charbanou Jochum-Maghsoudnia, patronne du cabinet Persian Bridge Exchange spécialisé dans la santé et les cosmétiques.

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A Genève, Farhad Tavakoli, s'occupe, lui, de RTA-Iran et vante les promesses offertes aux acteurs des énergies renouvelables. Il met en avant les conditions auxquelles le gouvernement iranien rachète tout courant «vert», dans un effort pour rompre avec trois décennies durant lesquelles le public ne paie pratiquement rien pour une électricité subventionnée produite en brûlant du pétrole ou du gaz.

Il y a un ans, l'euphorie des délégations officielles

Ces opportunités semblent faire écho à l'enthousiasme suscité par le voyage à Téhéran, fin avril 2016, d'une délégation de chefs d'entreprises genevois emmenée par Pierre Maudet, quelques semaines après la visite officielle d'un président de la Confédération également très entouré. Ré-admise dans le concert de l'économie mondialisée, après l'entrée en vigueur, en janvier 2016, d'un accord diplomatique historique avec les grandes puissances, la République islamique était présentée comme le nouvel Eldorado.

C'était il y a un an, un siècle, une éternité. En marge de la manifestation de jeudi, les conversations laissent poindre le doute. Un exemple, symbolique, la réouverture par Iran Air de sa ligne directe vers Genève; toujours en suspens. «C'est à bout touchant, elle nous a été promise dès qu'un avion sera disponible», assure un cadre de l'administration genevoise. D'autres participants iraniens restent plus dubitatifs quant à la validation définitive de l'ouverture d'une telle liaison.

Les sept dixièmes des projets sont suspendus

«L'euphorie a disparu, tout le monde est dans une posture de wait and see», résume Sharif Nezam-Mafi, arrivé sous une pluie battante dans l'arrière-salle de l'événement. «Les sept dixièmes des projets sont suspendus, et le resteront tant que la lumière ne sera pas complète sur ce que veulent faire les autorités américaines», poursuit le président de la Chambre de commerce Iran-Suisse, un des hommes clefs derrière les visites officielles helvétiques de l'an dernier.

«Les sociétés étrangères déjà installées dans le pays ne partent pas, elles attendent»

Les sociétés étrangères qui s'étaient déjà installées dans le pays avant l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche «ne partent pas, elles attendent», tente de rassurer celui qui dirige en parallèle les activités du fabricant de machines-outils Bühler dans la région. Attendre, les multinationales le font de toute façon depuis plus d'un quart de siècle en Iran. Alors si cela doit les mener jusqu'au terme de l'administration Trump…

L'administration Trump souffle le chaud et le froid

Aux yeux de Sharif Nezam-Mafi, l'administration américaine n'ira pas jusqu'à remettre en cause le traité historique sur le nucléaire iranien, même si Donald Trump l'a qualifié de «pire accord jamais négocié» durant les premiers jours de sa présidence. Obtenue à Genève et Lausanne entre 2014 et 2015, cette normalisation des relations entre Washington et Téhéran reste l'un des legs majeurs des majeurs des huit ans de l'ère Obama. Et permet à l'Iran de ne plus être un paria dans les circuits économiques et financiers mondiaux.

Le président de la Chambre de commerce Iran-Suisse craint en revanche que les Etats-Unis ne s'évertuent à compliquer les activités des sociétés occidentales. Bien que limité, le tour de vis sur les sanctions à l'encontre de certaines entités iraniennes décidées par Washington en janvier en aura donné un avant-goût. A Genève, au sein de la diaspora iranienne comme parmi les entreprises intéressées par une implantation en Iran, un autre obstacle est pointé à demi-voix: la corruption et le népotisme régnant dans une économie dont des pans entiers restent aux mains de factions qui comptent bien défendre leur pré carré.

Source : Tribune de Genève,