lundi, octobre 31, 2016

Le retour tourmenté des entreprises françaises en Iran

Source : Challange 25 octobre 2016

"C'est une course d'obstacles redoutable" confie le patron d'une entreprise de taille intermédiaire (ETI) française qui ambitionne de s'implanter en Iran. Dans le viseur de cet entrepreneur spécialisé dans la santé: la frilosité des banques françaises à financer les entreprises dans leurs projets persans. La visite du président Hassan Rohani fin janvier à Paris, quelques jours après la levée officielle des sanctions contre Téhéran, avait pourtant suscité un immense espoir pour les entreprises tricolores qui lorgnent le prometteur marché iranien. 15 milliards d’euros d’accords commerciaux avaient été signés dont un méga contrat avec Airbus portant sur l’acquisition de 118 avions - réduit ensuite à 112. 

Sauf qu'en neuf mois, il ne s'est pas passé grand chose. Hormis Air France qui est revenu en Iran avec trois vols par semaine, PSA et Renault qui ont acté leur retour industriel dans ce pays de 82 millions d'habitants et Airbus qui a obtenu le feu vert des États-Unis pour la vente de 17 des avions commandés, les entreprises tricolores tardent à finaliser leurs projets. "Les banques françaises sont toujours très frileuses et bloquent la finalisation de nombreuses opérations", indique Kourosh Shamlou, fondateur du cabinet d'avocats franco-iranien Shamlou.

"Nous allons tenter notre chance du côté des banques allemandes"

A ce jour, seules deux petites banques françaises – Wormser Frères et Delubac - assurent des flux financiers peu conséquents entre les deux pays, les autres ne bougent pas, échaudées par l'amende record infligée en 2014 par Washington à la BNP pour violation de l'embargo américain. Une situation qui a même obligé le groupe PSA Peugeot-Citroën à se tourner vers la petite banque italienne Banca Popolare di Sondrio pour transférer 14 millions d’euros en Iran. "Nous avons sollicité une demi-douzaine de grandes banques françaises qui ont toutes refusé de nous accorder des financements, appuie le même dirigeant d'une ETI. Nous allons tenter notre chance du côté des banques allemandes".

Trois d'entre elles: EIH, KFW bank et AKA bank acceptent en effet de financer pour des montants relativement peu élevés le secteur privé en Iran. Il faut aussi ajouter les banques autrichiennes Raiffeisen Bank et Erstebank, les banques Italiennes Mediobanka et Banca Popolare di Sondrio, les banques belges KBC et ING ainsi que la banque Turque Halk. Celles-ci, contrairement aux six grandes banques françaises (BNP Paribas, BPCE, Crédit agricole, Crédit mutuel-CIC, Société générale et La Banque postale) qui ont des filiales aux États-Unis ne sont pas exposées au dollar.

Et ce blocage s'explique essentiellement par la peur de subir les foudres de Washington qui interdit les transactions en dollar avec l'Iran et veille scrupuleusement à l’application de "l'International Emergency Economic Powers Act", cette loi fédérale américaine de 1977 qui autorise le président des Etats-Unis à restreindre les relations commerciales avec certains pays. L’Office of foreign assets control (OFAC), véritable bras armé économique des USA, actualise par exemple régulièrement une liste intitulée "specially designated nationals", longue de 973 pages mentionnant des personnes ou des sociétés avec lesquelles il est interdit d'avoir des relations commerciales.

Vers une amélioration?

Mais pour certains observateurs la situation est toutefois en voie d'amélioration. "On constate depuis quelques semaines que les choses se clarifient peu à peu, précise Matthieu Etourneau, le Directeur général du centre français des affaires de Téhéran qui a ouvert ses portes mi-octobre. Le feu vert donné par l'Ofac à Airbus et Boeing fin septembre envoie un bon signal aux investisseurs. C'est un déclic psychologique. Un autre signal positif serait de voir l'Iran sortir de la liste noire du Groupe d'action financière sur le blanchiment des capitaux (Gafi)". Alain Wormser, le PDG de la banque Wormser Frères, qui réalise grâce à l'Iran 7% de son chiffre d'affaires soit environ un million d'euros abonde. "Des situations se sont débloquées chez nous depuis peu, notamment grâce à un travail diplomatique plus soutenu".

Un contexte qui a suscité ces dernières semaines plusieurs discussions entre les autorités américaines et françaises. "Il y a un dialogue avec le Trésor américain et l’Ofac pour les amener à préciser leur régime de sanctions, à le rendre plus lisible et donc plus rassurant pour le secteur bancaire", précise-t-on à Bercy. Le patron du Quai d'Orsay, Jean-Marc Ayrault, est aussi attendu à Téhéran d'ici la fin de l'année pour faire avancer plusieurs projets tricolores.

L'élection américaine, l'autre enjeu

"L'ouverture de l'économie iranienne est laborieuse mais elle est inexorable, observe l’avocat d’affaires franco-iranien Ardavan Amir-Aslani, conseiller de PSA et Vinci en Iran. La situation s'améliore peu à peu et la volonté politique est là. Le guide suprême Ali Khamenei a par exemple refusé que Mahmoud Ahmadinejad soit candidat à l'élection présidentielle de mai 2017 pour ne pas revenir sur cette ouverture". Quant au président Hassan Rohani, qui visera un deuxième mandat l'an prochain, il estime que pour moderniser son outil industriel et relancer l'économie, son pays a besoin de 30 à 50 milliards de dollars d'investissements étrangers par an.

L'élection américaine devrait en tout cas permettre de lever quelques doutes. "Si Donald Trump est élu, les Américains ne vont pas amender leur position vis à vis de Téhéran, bien au contraire, mais si c’est Hillary Clinton, les choses pourraient avancer", espère un banquier d’affaires. Un avis que ne partage pas forcément Hassan Rohani. Le président iranien a en effet déclaré dimanche 23 octobre qu’il n’avait aucune préférence entre la candidate démocrate et le tonitruant milliardaire. "A l’Organisation des Nations unies, le président d’un pays m’a demandé lequel des deux candidats je préférais. J’ai répondu: "Est-ce que je préfère le mal au pire ou le pire au mal?". 

dimanche, octobre 30, 2016

La Belgique cherche à se positionner en Iran

Depuis la levée, en janvier dernier, des premières sanctions économiques qui ont visé l’Iran pendant plus de dix ans, les pays occidentaux et leurs entreprises se ruent vers ce pays dont les besoins et le potentiel sont jugés énormes. Et la Belgique ne manque pas à l’appel. Ce samedi, une délégation de plus de 200 personnes, dont 140 entrepreneurs - parmi lesquels 40 sont wallons - s’envole vers Téhéran. Il s’agit de la première mission belge de grande ampleur organisée par les trois régions depuis le retour de l’Iran sur la scène diplomatique.

La Wallonie est représentée par Nathalie Lafontaine, chef de cabinet adjoint du cabinet du ministre Jean-Claude Marcourt - qui a dû annuler sa visite pour se concentrer sur l’accord commercial entre l’Union européenne et le Canada - et par Pascale Delcominette, administratrice générale de l’Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers (Awex). Elles sont accompagnées de Bénédicte Wilders, directrice de Bruxelles Invests&Export. Le ministre-Président flamand Geert Bourgeois sera à la tête de la délégation flamande.

L’objectif est "de reprendre pied officiellement en Iran et mesurer les opportunités offertes par le marché iranien. Compte tenu du potentiel de ce pays, qui est une puissance industrielle et qui a connu un retard économique dû à une dizaine d’années d’isolement, de nombreux projets risquent d’être lancés rapidement", explique Dominique Delattre, directeur du secteur Afrique, Proche et Moyen-Orient de l’Awex. Et ce, dans d’innombrables domaines : de l’agro-alimentaire au secteur de la construction, en passant par l’architecture, la technologie, le pharmaceutique et, bien évidemment, l’industrie pétrochimique et gazière.

Des liens historiques

Pour s’imposer face à des concurrents tels que la France, l’Allemagne ou encore l’Italie, le plat pays a plus d’une carte dans sa manche. En effet, "au XIXe siècle, la Belgique a participé en Iran à la mise en place d’une première ligne ferroviaire, de services de douane, de poste, de télégraphe, ou encore au développement de l’industrie sucrière. Les liens entre nos pays sont historiques", précise M. Delattre. Des liens qui n’ont d’ailleurs jamais été rompus, ni même pendant la période où Téhéran était soumis à des sanctions économiques. "La Belgique a gardé une ambassade et un poste d’attaché économique et commercial à Téhéran. C’est quelque chose qui est assez apprécié", ajoute l’expert de l’Awex.

Il est donc prévu "qu’au moins quatre contrats seront signés lundi prochain" au cours de la mission, notamment dans le domaine biomédical ou encore de l’agro-industrie.


Source : La Livre.be du 29 octobre 2016

Algérie-Iran: un protocole de coopération sur la production de vaccins et médicament

L’Algérie et l’Iran ont signé jeudi 27 octobre à Alger un protocole de coopération et deux mémorandums d’entente dans le domaine de production de vaccins, d’équipements médicaux et de médicaments, rapporte ce samedi 29 octobre l’APS.

Le protocole de coopération dans le domaine de production de médicaments et des équipements médicaux a été signé par le directeur de la Pharmacie et des Equipements médicaux au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Dr Hamou Hafedh, et le vice-ministre, président de l’organisation iranienne des aliments et des médicaments, Rasoul Dinar Kand.

Le directeur de l’Institut Pasteur d’Alger, M. Zoubir Harrath a signé un mémorandum d’entente avec le directeur de l’institut iranien, Dr. Mustapha Kanai, qui porte sur la production de vaccins et sérums en Algérie.

Le deuxième mémorandum signé, du coté algérien, par le Directeur général des laboratoires Frater-Razes, M. Abdelhamid Cherfaoui et du coté iranien par le directeur du laboratoire Baboush Darou Khir Abadi, porte sur la production de médicaments biotechnologiques.

Le ministre de la santé iranien Hassan Ghazizadeh Hachemi a salué à l’issue de la cérémonie de signature la qualité des relations algéro-iraniennes notamment dans les domaines de l’industrie, l’agriculture, la santé et les échanges dans le domaine de l’enseignement et des recherches scientifiques.

De son côté, M. Boudiaf a souligné le “travail exceptionnel” accompli par l’Algérie pour booster la production locale, insistant sur la nécessité de rechercher des marchés extérieurs et de revenir à la production locale des vaccins.

Pour rappel, le ministre iranien a effectué ce jeudi une visite à l’Institut pasteur d’Alger et au centre national de contrôle des produits pharmaceutiques.

Source : Huffington Post Algérie 

Cap sur l’Iran pour les régions Belges

Nabil Jijakli (Ducroire): «C’est la ruée vers l’Iran» Le Deputy CEO voit les demandes d’assurance pour l’Iran exploser.Ce samedi 29 octobre 2016, les trois Régions belges décollent vers Téhéran pour une mission économique de trois jours. Près de 150 entreprises seront de la partie, sans le ministre wallon de l’Économie, Jean-Claude Marcourt, qui a annulé sa présence pour cause de Ceta.

Il faut dire que l’Iran a la cote depuis qu’un accord a été trouvé, en juillet 2015, sur le programme nucléaire du pays. Dans la foulée, une série de sanctions économiques ont été suspendues. Certaines sociétés belges ont profité de l’occasion pour réactiver des liens commerciaux avec Téhéran. Nabil Jijakli, deputy CEO du Ducroire, est bien placé pour le savoir : le Ducroire (une institution publique autonome) assure les entreprises qui veulent exporter vers des pays à risque.

Pourquoi une entreprise belge a-t-elle aujourd’hui intérêt à commercer avec l’Iran ?

D’abord, l’Iran est un poids lourd économique de la Région : une population de 80 millions d’habitants, bien éduquée ; des richesses pétrolières et gazières. Puis l’Iran est une économie diversifiée.

Moins dépendante du pétrole que l’Arabie Saoudite, en somme…

Tout à fait. Leurs recettes dépendent aujourd’hui à 43 % du pétrole et du gaz. À côté, ils ont une industrie métallurgique, l’une des industries auto les plus florissantes de la Région… Au niveau de la situation macroéconomique, on s’attend à une croissance proche des 4 % en Iran. L’inflation est maîtrisée. Le ratio dette publique sur PIB est de l’ordre de 15 % (contre plus de 106 % en Belgique, NDLR). Autre point fort, ils ont des réserves de change qui permettent de couvrir 17 mois d’importations. On considère d’habitude que six mois de réserves, c’est déjà bien. Mais 17 mois, c’est remarquable. Puis, suite aux différents embargos sur l’Iran, le pays a également des besoins énormes.

Des besoins en quoi ?

Ils doivent reconstruire leur industrie pétrolière et gazière, devenue un peu obsolète. Toute leur industrie métallurgique et énergétique doit aussi être upgradée. La population a soif de consommer, et certains ont d’énormes réserves de cash. Aussi paradoxal que celui puisse paraître, les Iraniens sont très envieux des produits occidentaux.

L’Iran ne craint pas le « made in Europe » ?

Au contraire. Ils sont demandeurs. Suite aux différents embargos, c’est la Chine qui est devenue un de leur principal partenaire. Et, honnêtement, on entend souvent des Iraniens dire qu’ils “en ont marre du brol chinois”.

Voilà pour les points forts. Mais il y a aussi de fameux risques, quand on commerce avec l’Iran ?

La zone géopolitique est évidemment extrêmement tendue. On est quand même dans une zone où, sur le long terme, on peut se poser des questions. Deuxième élément, le climat des affaires en Iran est détestable. Essentiellement parce que la sécurité juridique est faible, la paperasserie administrative prend énormément de temps, et la corruption est toujours présente. Autre faiblesse, et on en arrive au cœur du problème actuel, ce sont les sanctions. On l’oublie souvent avec la suspension des sanctions sur le programme nucléaire, mais il y a d’autres sanctions qui sont restées actives. Puis sur le programme nucléaire, on a suspendu – mais pas levé- les sanctions selon le mécanisme particulier du snapback.

Snapback, c’est-à-dire ?

On suspend les sanctions sur une période de dix ans. Après les dix années, si tout se passe bien, elles sont définitivement levées. Mais, entre-temps, au moindre non-respect de l’une des clauses de l’accord, on rétablit les sanctions dans les 65 jours. C’est une épée de Damoclès terrible pour tous les investisseurs. Car si les sanctions sont à nouveau établies, notamment sur le système financier, cela signifie que les flux de paiement ne sortent plus d’Iran. La suspension en janvier 2016 de ces sanctions a donné une espèce d’engouement terrible sur l’Iran, puisque la situation macroéconomique est valable. Mais il ne faut pas oublier que d’autres sanctions subsistent : celles liées aux activités terroristes ou supposées telles de l’Iran ; celle relatives au respect des droits de l’Homme ; et celles liées à l’armement. Des sanctions principalement américaines.

On ne peut pas commercer en dollars, en gros ?

Voilà. C’est la force d’une monnaie comme le dollar. D’une part, les Américains maintiennent un embargo général sur le commerce avec l’Iran. Mais ils interdisent aussi les transactions en dollars aux sociétés non-américaines. À côté de cela, il y a aussi les sanctions secondaires, lorsque vous avez des relations avec des gens ou des sociétés qui figurent sur la liste américaine liée au terroriste. Là-dedans, vous avez par exemple les Gardiens de la Révolution, qui gèrent à peu près 30 % de l’économie iranienne. Donc si vous faites des transactions avec l’Iran, vous ne pouvez pas les faire en dollars, et pas avec n’importe quoi. Il faut toujours s’assurer que la société avec laquelle vous commercez ne figure pas sur la liste noire américaine. Ce qui n’est pas toujours évident, car le système iranien est très peu transparent.

Mais cette blacklist américaine ne s’applique pas aux sociétés européennes ?

C’est là que ça devient vicieux. Pour faire une transaction, il faut passer par les banques, qui – à un moment ou l’autre- traitent toujours en dollars. Ceci implique que les grandes banques ont extrêmement peur de rouvrir avec l’Iran actuellement. C’est l’un des freins principaux à la reprise économique normale.

Aucune grande banque n’accepte aujourd’hui de travailler avec l’Iran ?

La situation diffère de banque à banque. Ce que l’on voit, c’est qu’une série de banques accepte de faire des transactions en euros sur le court terme, moyennant une série de règles de compliance, pour vérifier que l’on est hors du cadre des sanctions américaines. Mais quand on parle de restaurer l’industrie, ce sont des projets qui durent plusieurs années. Et là, il n’y a aucune banque qui accepte de financer des opérations commerciales avec l’Iran aujourd’hui.

Ça restreint fortement les possibilités des sociétés belges en Iran…

C’est extrêmement compliqué. En Belgique, il y a deux banques qui acceptent de le faire (Belfius et KBC font partie de la mission économique, NDLR). Mais c’est extrêmement lourd. Et j’ai beaucoup parlé des sanctions. Mais il y a également deux éléments géopolitiques importants qui expliquent les craintes actuelles des banques. Le premier, ce sont les élections américaines. Quoi qu’on en dise, les relations Iran-USA restent extrêmement compliquées. Si on lit le programme des candidats actuels, Trump cassera le deal avec l’Iran dans les semaines qui suit son élection, et Hilary Clinton est moins favorable à la reprise des échanges que n’était Obama. Donc il y a déjà une incertitude de ce côté-là. La deuxième crainte, que l’on mentionne moins souvent, c’est qu’il y a également des élections présidentielles en Iran au printemps prochain. Rohani, le président actuel, qui est le maître d’œuvre de cette ouverture, est combattu par les conservateurs qui étaient contre l’accord nucléaire. Avant les élections iraniennes, je pense donc que la position des banques risque de ne pas évoluer.

Les banques ne prêtent pas, il y a une épée de Damoclès sur les sanctions, un risque géopolitique… Quelles sont les entreprises qui auraient envie d’aller en Iran ?

Malgré tout, il y a un certain nombre d’entreprises belges qui viennent nous voir, qui sont en négociation de contrats, et qui nous demandent de les assurer. Mais ces entreprises sont toujours à la recherche d’un financement.

Vous avez recommencé à assurer des activités en Iran depuis janvier 2016. Ça marche ?

Très clairement. C’est la ruée vers l’Iran. En septembre, l’enveloppe du Ducroire disponible pour faire des affaires sur l’Iran est passée de 230 à 750 millions d’euros, car le classement de l’Iran s’est amélioré. Mais actuellement, nous avons des demandes qui vont au-delà de ces 750 millions. Donc la demande est là.

Combien de dossiers ?

Une vingtaine.

Lesquels ?

Je ne peux pas communiquer cette information. Mais on parle du secteur de la construction et du dragage, du secteur énergétique, de la grosse industrie pour la production de verre, de la fourniture de machines pour la production de câbles, de valves pour l’industrie chimique. Dans le secteur télécoms et textile aussi.

Des contrats ont-ils été conclus ?

On donne une promesse dans certains cas, disant que l’on est prêt à les assurer, même si le deal n’est pas encore conclu. Toutes ces sociétés se heurtent actuellement au problème de financement pour le commerce à long terme.

Source : Le Soir

vendredi, octobre 28, 2016

L’Iran, le nouvel Eldorado pour les entreprises des Pays de la Loire?

Un an, à peine, après la levée de l’embargo sur l’Iran, une dizaine d’entreprises des Pays de la Loire a déjà fait le déplacement à Téhéran, accompagnée par la CCI de Nantes-Saint Nazaire. Un voyage « découverte » qui a permis aux PME de revenir avec deux contrats et de belles promesses dans leurs valises.

Elles font de l’hydraulique industriel, des tribunes, des télécommandes nouvelle génération mais aussi du matériel médical et des adhésifs industriels. Près d’une dizaine d’entreprises de la région ont fait pour la première fois un aller-retour à Téhéran, en Iran, le 28 septembre dernier. Le voyage était organisé par la CCI de Nantes Saint Nazaire et financé en partie par le conseil régional. « Le déplacement avait été organisé à l’origine par la CCI de Dubai qui nous a demandé si cela nous intéressait de partir avec eux, explique Armelle Rebuffet, directrice du pôle international pour la CCI Pays de la Loire. Etonnamment, les places ont été réservées très rapidement. Plus étonnant encore, alors que l’on s’attendait à un voyage de découverte, on a été surpris de constater que des contrats avaient déjà été signés. C’est rare de revenir avec des opportunités aussi bien identifiées pour un premier voyage, » remarque la responsable du pôle International de la CCI Pays de la Loire.

Les Iraniens ont une bonne image des produits français 

C’est le cas pour le groupe Exago. La PME nantaise spécialisée dans la construction et installation d’équipements hydrauliques est revenue avec un contrat signé et des opportunités. « Nous avons eu un bon contact avec des partenaires de Total en Iran, nous les recevons dans notre usine de Troyes la semaine prochaine », précise Thierry Vernay, export manager du groupe Exago. L’Iran est, pour le groupe déjà présent en Indonésie, Chili, Allemagne ou Brésil, une cible prioritaire. « Il y a énormément de choses à faire. Ils ont de l’argent, des gros besoins en terme d’éducation que nous pouvons leur apporter», note Thierry Vernay. L’avantage, selon l’export manager, c’est que les Iraniens ont une très bonne image des produits français : « ils ont déjà travaillé avec des Chinois mais ils ont fini par trouver que le matériel n’était pas si solide. Ils préfèrent acheter désormais des produits européens. Les produits français bénéficient d’une bonne image.»

Un pays encore vierge

Même enthousiasme chez le fabricant de tribunes modulaires Alcor Equipements. « On y revient avec notre PDG dans un mois », raconte Armel Kerjean, un des responsables du groupe. « C’est encore un pays vierge où il y a beaucoup de choses à faire. Pour nous c’est une belle opportunité. En étant les premiers sur ce marché on marque un bon point par rapport à nos concurrents », estime le responsable.

Projets d'aéroports, d'hôpitaux etc.

Les besoins en Iran sont énormes et très concrets. « Il y a des gros projets d’infrastructures, d’aéroports, d’hôpitaux, des projets d’assainissement de l’eau aussi », observe Armelle Rebuffet. Les Iraniens sont prêts à accueillir à bras ouverts des investisseurs étrangers qui voudraient s’implanter sur place.

Gare au boycott des produits américains

Seul bémol : les Iraniens boycottent toujours les produits américains. Les investisseurs doivent donc bien faire attention aux catalogues de produits qu’ils présentent. Deuxième problème de taille : seules deux banques françaises indépendantes travaillent avec l’Iran. Les autres refusent pour le moment, de crainte de sanctions de la part de leurs partenaires américains. Mais les Iraniens ont trouvé la parade : beaucoup facturent les commandes via des filiales qu’ils détiennent à l’étranger.


Iran : la drôle de guerre d’UANI, le lobby anti-iranien de Mark Wallace

Le MOCI, 27 octobre 2016

« L’UANI exprime son désaccord face à la décision de Coface de faciliter les investissements en Iran, devenant un potentiel soutien à un régime dépourvu de lois et promouvant le terrorisme ». C’est le titre d’une « alerte presse » diffusée le 20 octobre par l’agence de communication parisienne A+ Conseils pour le compte de l’organisation non gouvernementale (ONG) américaine UANI (United against nuclear Iran). Le recrutement cet été de cette agence en France par UANI est le signe que cette organisation fondée en 2008 par Mark Wallace, un Républicain réputé proche de Georges W. Bush, ancien ambassadeur des États-Unis auprès de l’ONU, compte bien poursuivre sa campagne contre l'actuel régime iranien auprès des entreprises françaises – et plus largement occidentales- pour les dissuader de faire des affaires en Iran.

Le communiqué reproduit le contenu d’un courrier adressé par UANI, le même jour, aux dirigeants de Coface, mettant en garde l’assureur-crédit français contre le risque d’une reprise de ses activités en Iran : « Coface est bien implantée sur le territoire nord-américain avec Coface-USA, et se lancer sur le marché iranien compromet dangereusement ses chances de pouvoir encore agir à l’échelle internationale, compte tenue de la position très stricte des États-Unis à l’encontre de l’Iran », lit-on, entre autres amabilités.

En l’occurrence, UANI s’est trompé de cible : contactée par Le Moci, la direction de la communication de Coface renvoie à juste titre à la Direction générale du Trésor (DG Trésor). Car Coface n’a pas d’activités en propre en Iran, c’est l’État qui a décidé de rouvrir le guichet de l’assurance-crédit export publique fin janvier 2016 dans ce pays, lors de la visite en France du président iranien Hassan Rohani*. Coface gère ce guichet pour le compte de l’État. L’UANI « n’est pas un interlocuteur », dit-on à Bercy. « Ils ne sont pas très courageux de prendre à partie Coface : ils devraient s’en prendre à l’État français », ironise-t-on.

Mark Wallace n’a peur de rien et a réponse à tout

En bon professionnel américain de la politique et de la diplomatie internationale, rompu aux campagnes de communication, Mark Wallace n’a peur de rien et a réponse à tout. Lors d’un entretien téléphonique exclusif le 26 octobre, il a maintenu la position d’UANI lorsque Le Mocilui a appris que c’est bien au titre de ses activités d’agence de crédit export publique de l’État français que Coface avait rouvert sur l’Iran. Et d'ajouter qu’écrire au Trésor français était « une bonne idée ».

Coface est en fait la énième cible d’une campagne internationale d’UANI visant à dissuader les entreprises internationales de revenir en Iran. En France, où la presse s’est fait l’écho durant l'été de cette campagne, mettant en avant les liens d’UANI avec les services de renseignement américains et israéliens*, les dirigeants de plusieurs autres grands noms de l’industrie et des services français comme Peugeot ou Orange, ont reçu des lettres similaires ces derniers mois dès qu’ils ont posé des jalons pour revenir en Iran, comme si leur moindre fait et geste dans ce pays été surveillé à la loupe.

Plus de 500 lettres envoyées dans le monde entier

Mark Wallace, qui répète à l’envie ne pas croire en la volonté du régime iranien de changer en profondeur ni en matière nucléaire, ni en matière de respect des droits de l’homme ou de soutien au terrorisme, ce qui justifie selon lui son action, se défend d’en vouloir spécialement à la France : « je suis francophile », affirme-t-il, précisant, sans doute à l’attention de ceux qui voient en son organisation une main invisible protégeant les intérêts américains en Iran, que ses campagnes ont « commencé par les sociétés américaines » et qu’elles visent aujourd’hui des entreprises à travers le monde. « Nous avons envoyé plus de 500 lettres dans le monde entier », affirme le fondateur d’UANI.

Et de nous faire envoyer par mail les copies sous formats Pdf d'une dizaine de lettres adressées ces derniers mois aux CEO (chief executive officers) de divers groupes américains et européens : les américains Honeywell International et Boeing, les italiens Finmeccanica Spa, Ignazio Messina & Co et Eni, les allemands Lufthansa et Siemens, le suisse Liebherr… Depuis février 2016, elle n'a pas arrêté. L'ONG américaine se targue d’avoir eu un rôle majeur, avant l’accord sur le nucléaire iranien, pour obtenir l’éjection des banques iraniennes du système interbancaire de paiement Swift en 2012, ou encore le retrait de Peugeot d’Iran pour permettre son rapprochement avec General Motors...

Pourquoi un tel acharnement ?

Pourquoi cet acharnement alors que la communauté internationale –États-Unis, Unions européenne, ONU- a signé un accord global avec l’Iran sur le nucléaire, au terme de longues négociations dans lesquelles la France est d’ailleurs apparue comme plus sévère que les États-Unis, et adopté, le 16  janvier 2016, un plan global d’action qui prévoit une levée progressive des sanctions en échange du respect par les Iraniens de leurs engagement en matière nucléaire ?

« La question que vous posez est exactement la raison pour laquelle nous continuons cette campagne » a répondu sans hésiter Mark Wallace, pour qui justement, rien n’est encore fait, notamment côté iranien. « Ça reflète une importante incompréhension de la situation de la part de la communauté des affaires ».

Et comment a-t-il réagi à l’octroi par l’OFAC (Office of Foreign Assets Control) de licences à Boeing (pour 80 appareils) et Airbus (pour 17 avions sur un total de 108 commandés) pour répondre aux besoins de renouvellement de la flotte vieillissante d’Iran Air, le 20 septembre dernier ? « Nous sommes préoccupés par ces licences », a-t-il affirmé, tout en concédant qu’en réalité, elles répondent aussi à un souci « humanitaire » compte tenu du mauvais état de la flotte iranienne, devenu « dangereuse » pour la population.

Relativiser la puissance réelle d'UANI

Lors de leur conférence de presse pour la présentation de leur rapport sur « l’extraterritorialité de la législation américaine », le 5 octobre, les députés Pierre Lellouche et Karine Berger ont cité les agissements de ce lobby qu’est UANI parmi les faits illustrant le climat de « guerre économique » existant actuellement entre les deux rives de l’Atlantique***. Une lettre de l’ONG américaine à Vinci est annexée à leur rapport. Et l’on sait que les courriers ciblés de cette organisation ne sont pas pris à la légère par leurs destinataires, qui prennent soin d’y répondre.

Reste qu’il faut relativiser la puissance réelle de l’UANI : c’est surtout l’écheveau des sanctions américaines et internationales et la manière peu claire dont l'administration comme la justice américaines appliquent la législation dans ce domaine, bloquant notamment la réouverture des circuits financiers avec le pays, qui est le vrai frein actuel au développement des affaires avec l’Iran dans tout les secteurs. Les députés Pierre Lellouche et Karine Berger l’ont découvert avec effarement. Les entreprises françaises en ont pris bien vite conscience, bien avant qu’UANI ne s’en prenne à elles.

Christine Gilguy

*Iran / Crédit export : accord pour la réouverture des garanties publiques par Coface

**Voir notamment Le Parisien du 04/08 ou encore Challenge du 29/08. Dans son CV, Mark Wallace revendique ouvertement et sans complexe d’avoir au comité consultatif de son ONG divers experts et personnalités officiels comme Franc Townsend, ex-membre du Conseil de sécurité intérieure américain, Meir Dagan, ex-chef du Mossad israélien, mais aussi Dr. August Hanning, ex-chef du service de renseignement allemand et encore Sir Richard Dearlove, ex-chef du M16  britannique. Il rappelle aussi que l’ancien ambassadeur américain Richard Holbrooke et l’ex-directeur de la CIA Jim Woolsey ont cofondé avec lui UANI en 2008...

***États-Unis / Extraterritorialité : P. Lellouche et K. Berger lancent un cri d’alarme contre les abus du système judiciaire américain

 

samedi, octobre 22, 2016

Rohani veut un Iran « hospitalier » pour les investisseurs étrangers

L'Iran doit devenir un pays « hospitalier » pour les investisseurs étrangers, a déclaré hier le président Hassan Rohani, deux jours après l'annonce de la condamnation à 10 ans de prison d'un homme d'affaires irano-américain accusé « d'espionnage » au profit des États-Unis.


« Nous devons être hospitaliers pour les hommes d'affaires et les investisseurs qui veulent venir en Iran », a affirmé le président Rohani, un religieux modéré, dans un discours retransmis à la télévision nationale. « Ils doivent pouvoir faire des allers et retours facilement », a-t-il ajouté.
Selon lui, depuis son élection en 2013, « tous les efforts du gouvernement » ont porté « sur la levée des obstacles pour les hommes d'affaires, les exportateurs de biens et services, l'entrée de capitaux et les relations bancaires, ainsi que sur la levée des lourdeurs administratives dans notre pays ».

Frein à l'investissement étranger


Une partie des sanctions internationales contre l'Iran ont été levées en janvier, six mois après la conclusion d'un accord avec les grandes puissances sur le programme nucléaire iranien. Mais d'autres sanctions non liées au nucléaire sont toujours imposées à l'Iran par les États-Unis et l'Union européenne (UE) et représentent un frein à l'investissement étranger.


« Les relations étrangères ne sont pas seulement politiques, elles sont aussi économiques, scientifiques, techniques » et doivent également bénéficier « aux exportations » iraniennes, a-t-il ajouté.


Le président Rohani doit se représenter pour un second mandat lors de la présidentielle prévue en mai 2017.


Son discours d'ouverture sur le monde, critiqué par les milieux les plus conservateurs en Iran, intervient après la condamnation, le 18 octobre, à dix ans de prison de cinq hommes d'affaires, dont le Libanais résidant aux États-Unis Nizar Zakka, « pour espionnage et collaboration avec le gouvernement américain. » Expert en communication et secrétaire général de l'organisation Ijma3, M. Zakka avait été arrêté en septembre 2015 à Téhéran. Il était accusé d'avoir des « liens profonds avec la communauté américaine militaire et du renseignement des États-Unis », d'après la télévision d'État iranienne Irib. Elle avait montré plusieurs photos d'un homme en tenue militaire en affirmant qu'il s'agissait de Nizar Zakka sur une base américaine.

lundi, octobre 10, 2016

L’Iran, un eldorado pavé de chausse-trappes pour les entrepreneurs français

Dans la vitrine de Tartine, la première boutique d’une chaîne française de restauration rapide, sont alignés croque-monsieur, muffins et chouquettes. Un peu plus loin, un jeune ouvrier iranien s’essaye à faire des crêpes sur une plaque… Autant de pâtisseries méconnues en Iran, notamment dans le quartier de Kargar-é Jonoubi, dans le sud de Téhéran où est située Tartine, inaugurée début octobre. Sur les murs sont accrochées des photos de la tour Eiffel, de l’Arc de triomphe et de Montmartre. « Nous avons cherché à apporter un peu de France à ce coin de Téhéran qui n’a rien à voir avec le nord et sa population riche », explique Romain Quenet qui codirige, avec Xavier Monard, la chaîne Tartine dans la capitale iranienne.

Arrivés il y a huit mois, ces deux jeunes Français font partie de la nouvelle vague d’entrepreneurs et d’hommes d’affaires ayant choisi de tenter leur chance en Iran. Ils ont été notamment encouragés par l’accord sur le nucléaire iranien en juillet 2015, et la levée partielle des sanctions internationales, en janvier 2016. Les échanges entre Paris et Téhéran sont ainsi repartis à la hausse : de 304 millions d’euros au premier semestre de 2015, ils sont passés à 536 millions d’euros au premier semestre de 2016, soit une progression de 76 %.

Or, l’effervescence des débuts semble aujourd’hui peu logique, tant le chemin est semé d’embûches. Romain Quenet et Xavier Monard qui n’ont réussi à enregistrer leur société d’importation et de distribution d’aliments français qu’avec beaucoup de difficultés, se battent toujours contre la lourde bureaucratie et la législation iraniennes, notamment sur les questions d’impôts sur les revenus. Une complexité qui a conduit Sephora, filiale de LVMH, à reporter son implantation en Iran de 2016 au second semestre 2017 « au plus tôt ».

Doutes des investisseurs

Les grandes banques françaises continuent à refuser de faire des opérations avec l’Iran, notamment à la suite de la lourde amende infligée par les Américains à BNP Paribas, en 2014, pour avoir organisé des transactions avec des pays sous embargo, dont l’Iran. Voilà pourquoi certains continuent, comme durant les années des sanctions, à rapporter du liquide dans leurs « valises ». Cette frilosité des banques est d’autant plus justifiée que les sanctions américaines, concernant des centaines d’entités et de personnalités iraniennes pour « activités terroristes » et « atteintes aux droits de l’homme », sont, elles, toujours en vigueur. Cela oblige les entreprises à procéder à une étape longue et lourde de vérification, avant tout partenariat avec les Iraniens. « Il peut arriver que des dirigeants soient des prête-noms et que des sociétés soient des façades de structures moins recommandables », explique l’analyste Michel Makinsky.

Les grandes sociétés ont donc mis en place des services de « compliance », chargés de l’évaluation de la conformité aux lois, ou, comme l’explique ce représentant en Iran d’un grand groupe français, font appel aux avocats spécialisés sur la question. Ce Français dit avoir recours aux « banques régionales » qui « ne sont ni en France ni en Europe », refusant d’avancer davantage de détails sur ces établissements. D’autres hommes d’affaires et analystes mentionnent des banques italiennes, autrichiennes, la belge KBC et la française Wormser Frères pour de petites opérations.
Les jeunes patrons de Tartine n’utilisent pour le moment que leurs propres fonds, pour le financement de leurs quatorze autres boulangeries et cafés à Téhéran, Shiraz et Ispahan. « La condition principale posée à l’acceptation des projets d’investissement en Iran est de financer tout ou partie de l’investissement, explique Michel Makinsky. Et là, l’investisseur étranger se heurte au refus des banques internationales de procéder à cet investissement. »

A ces difficultés s’ajoute l’incertitude. Si pour l’instant l’Iran semble bien respecter l’accord nucléaire, la crainte du rétablissement des sanctions plane en cas de manquement de Téhéran à ses obligations nucléaires. L’éventuelle élection aux Etats-Unis de Donald Trump, qui tient une ligne plus dure envers l’Iran que son adversaire démocrate, Hillary Clinton, ainsi que l’élection d’un conservateur en Iran à la prochaine présidentielle, en mai 2017, ne font qu’accentuer les doutes des investisseurs qui veulent se lancer en Iran.


Dans ce contexte incertain, l’annonce fin septembre, que Boeing et Airbus avaient obtenu le feu vert de l’administration américaine pour vendre des avions à l’Iran a remonté le moral des entrepreneurs.

Le Monde, 8 octobre 2016

Iran : le nouveau champ de bataille de l’antique rivalité Renault-Peugeot


A l’aéroport Imam-Khomei­ni de Téhéran, le salon VIP s’appelle le salon CIP, pour Commercial Important Person. C’est même un terminal séparé, où les hommes d’affaires étrangers sont convoyés, choyés, assistés dans leurs démarches.

Dès l’aérogare, le ton est donc donné et le message est clair : l’Iran est officiellement le nouveau paradis du business. Les constructeurs automobiles français ne sont pas les derniers à l’avoir compris. Ils sont même pionniers dans leur secteur, premiers acteurs mondiaux de la voiture à relancer publiquement des projets industriels en Iran depuis que l’accord permettant la levée des sanctions liées au programme nucléaire a été signé, en juillet 2015.

En quelques mois, PSA et le groupe Renault ont multiplié les annonces, signatures, rencontres au sommet. Dernier épisode, la tournée de Carlos Tavares, en Iran, du 4 au 6 octobre. Le patron de PSA, flanqué de son comité exécutif, a passé en revue son dispositif iranien et a rencontré ses deux partenaires locaux : le premier constructeur automobile du pays, Iran Khodro (IKCO) – avec lequel il a fondé une coentreprise à 50-50 pour relancer Peugeot –, et le concurrent Saipa, numéro deux du marché. Avec ce dernier, M. Tavares a signé un accord stratégique, le 6 octobre, pour fabriquer et distribuer des Citroën en territoire persan.

Quelques jours avant, dans les travées du Mondial de l’automobile, qui s’achève le 16 octobre à Paris, le PDG de Renault, Carlos Ghosn, et le ministre de l’industrie de l’Iran, Mohammad Reza Nematzadeh, annonçaient la création d’une nouvelle société automobile iranienne majoritairement détenue par le constructeur français. Ainsi, le décor est planté : le nouveau champ de bataille de l’antique rivalité Renault-Peugeot sera la République islamique.

« Trahison »
Sur ce terrain, PSA a une position avantageuse. Difficile de rater les vieilles Peugeot − même rafistolées, renommées, relookées −, surtout des 206 et des 405, qui parcourent le réseau routier local. La marque au lion revendique 4 millions de clients et une part de marché de 35 %, une situation qui semble très difficile à renverser.

Seulement voilà, PSA n’a touché aucune redevance sur les centaines de milliers de Peugeot vendues entre 2012 et 2015. Il y a ­quatre ans, le groupe français avait précipitamment quitté le pays pour éviter d’être pris dans la tourmente des sanctions internationales, laissant aux constructeurs iraniens la tâche de gérer seuls la production. A l’époque, PSA était en négociations pour créer une alliance avec le géant américain General Motors. Toute activité commerciale avec l’Iran aurait menacé l’existence même de l’entreprise française.

Malgré ces fortes raisons, les Iraniens ont encore aujourd’hui du mal à digérer la « trahison ». « Le peuple iranien a été malheureux de voir PSA quitter l’Iran », a rappelé le PDG d’IKCO, Hashem Yekezareh, à Carlos Tavares lors de la cérémonie de lancement du joint-venture IKAP (Iran Khodro Automobiles Peugeot), le 5 octobre.

Coentreprise
« Il fallait que les Iraniens puissent me dire en direct combien ils avaient été meurtris, a convenu, plus tard, M. Tavares. Et il faut être capable de l’entendre pour pouvoir tourner la page correctement. »

Cette parenthèse aura laissé une autre trace : faute de pièces de qualité, les Peugeot version iranienne sont devenues moins fiables, comme semble le montrer le nombre non négligeable de véhicules en panne que l’on croise le long des routes nationales.

En face, Renault part de plus loin (4,8 % de part de marché en 2015), mais avec quelques atouts, qui mettent en relief les insuffisances de son concurrent. En premier lieu, la marque au losange est auréolée du fait qu’elle n’a jamais quitté l’Iran, même au plus fort des sanctions. Le français a créé, en 2003, une coentreprise avec IKCO et Saipa, qui n’a pas cessé son activité. Ceci explique, sans doute, que le pouvoir iranien ait fait une exception en laissant ­Renault détenir 60 % d’une nouvelle société automobile établie en partenariat, non pas avec un constructeur, mais avec le conglomérat d’Etat Idro, bras armé économique du régime.

« Si vous demandez aux Iraniens quels sont les meilleurs véhicules fabriqués en Iran, ils vous répondront Renault », assure Peyman Kargar, directeur général de ­Renault-Iran.

« Il n’y a pas de vraie rivalité »
La marque a fondé sa réputation sur la qualité des ­Logan (appelées là-bas Tondar) et Sandero.

« Lors du lancement de la nouvelle Sandero Stepway, nous avons enregistré 4 000 commandes avec prépaiement en une heure », se réjouit M. Kargar.
Surtout, Renault a sa potion magique : la Kwid, un petit 4 × 4 urbain à moins de 5 000 euros, qui fait déjà un tabac en Inde. « La Kwid aura un succès phénoménal en Iran », prédit Didier Hedin, consultant automobile. Avec de tels atouts, Renault veut arriver à produire et à vendre entre 350 000 et 400 000 voitures dès 2021, soit exactement le même objectif que PSA.

« Il n’y a pas de vraie rivalité, tempère M. Hedin. Les deux constructeurs sont complémentaires. Le plan de PSA est, lui aussi, excellent, et Peugeot a toujours une très bonne image en Iran. »

Le choix de marcher sur deux jambes (une coentreprise pour chacune de ses marques) facilite la liberté de manœuvre de PSA. Renault prend, de son côté, davantage de risques compte tenu de l’existence de sanctions américaines résiduelles à l’égard de l’Iran, car Nissan est très implanté aux Etats-Unis.

Les risques, chaque constructeur français les assume. « Nous ouvrons la voie », confirme Carlos Tavares. Par contraste, les constructeurs allemands et japonais ont déjà accumulé un net retard. Sur un marché qui devrait atteindre 2 millions de véhicules en cinq ans, l’industrie française a, pour une fois, pris de l’avance.

Le Monde, 8 octobre 2016

samedi, octobre 08, 2016

Accès au marché iranien et risques de sanctions : Prudence et patience mais pas de renoncement !

Dans un document intitulé « Où en est-on des sanctions contre l'Iran ? Vade-mecum pour les entreprises », l’ancien ambassadeur de France à Téhéran, François NICOULLAUD, chargé d’enseignement à Science-Po, fait le point sur les sanctions en vigueur contre l’Iran après l’entrée en vigueur de l’accord nucléaire conclu le 14 juillet 2015 à Vienne.

Il relève que les sanctions ne sont pas levées et l’Iran ne peut encore retrouver ouverture économique et prospérité, dès lors que les craintes existent sur les conséquences d’une implication économique d’entités américaines et européennes.

En effet, d’une part, l’accord "Joint Comprehensive Program of Action ou JCPOA" se limite aux questions nucléaires et d’autres sanctions américaines portant sur la lutte contre le terrorisme et la défense des droits de l’homme étaient toujours applicables. 

C’est dans ces conditions que les banques européennes restent plus que prudents encore à prendre parts au financement des projets, dès lors que les risques politiques et économiques restent encore importants. 

Concernant les sanctions en vigueur il faut en distinguer trois séries : américaines, européenne et celles des Nations-Unies.

C’est surtout l’effet extraterritorial des sanctions américaines qui est particulièrement bloquant pour les opérateurs européens voulant opérer sur le marché iranien. Or les américains n’ont allégé que les sanctions nucléaires et maintiennent leurs sanctions pour d’autres motifs que nucléaires (à savoir : la prolifération balistique, le soutien au terrorisme, "les activités régionales déstabilisatrices", les atteintes à la démocratie, aux droits politiques et aux droits de l’homme). Ainsi sauf en matière des exportations agroalimentaire ou de santé, de logiciels favorisant le libre échange développement des réseaux sociaux, d’importation de tapis, de pistaches et de caviars et des exportations aéronautique civil (Boeing), les entreprises américaines ne peuvent investir en Iran et par là même toute entité européenne qui aurait des intérêts aux Etats-Unis.
Le 8 octobre 2016, le Département du Trésor des États-Unis a rendu public un document visant à donner le feu vert à certaines transactions en dollars sur le territoire iranien, interdites jusqu'alors. Les autorités américaines ont notamment autorisé à passer des contrats entre l'Iran et le secteur bancaire extraterritorial, à condition que ces derniers ne concernent pas le Département du Trésor, et ont levé l'interdiction de faire des affaires avec les entreprises iraniennes dont le PDG fait l'objet de sanctions du gouvernement américain.


Les sanctions européennes contre des personnes ou entités responsables d’opération de répression et d’atteinte aux droits de l’homme, de terrorisme et de déstabilisation de la région, notamment en Syrie, restent en vigueur qui incitent les opérateurs économiques souhaitant accéder au marché iranien d’être très vigilants sur le choix des personnes avec lesquelles ils rentreront en affaire.

Enfin, les sanctions des Nations-Unies, ne sont levées que pour celles liées à l’activité nucléaire, mais pas celles concernant les activités balistiques de l’Iran ni l’embargo sur le commerce d’armes conventionnelles lourdes. Une exception au cas par cas est cependant possible dans le cadre du dispositif de filtrage mis en place par le JCPOA, mais il existe toujours la possibilité de revenir sur ses sanctions à la demande d’un des six Etats du Conseil de sécurité qui en ont voté la suppression (mécanisme de snap-back, qui cependant n’aura pas d’effet rétroactif).

Les opérateurs économiques et financiers sont donc face à un dilemme : ne prendre aucun risque (ce qui serait contraire à l’activité commerciale capitalistique) ou prendre des risques mesurés. En tous cas, il convient qu’ils s’engagent en toute connaissance de cause, pour qu’en cas de violation des sanctions notamment américaines, ils puissent démontrer que tout a été entrepris pour éviter cette violation et que l’intention n’y était pas. Ainsi, l’accès au marché iranien devra se faire avec précaution et doit être accompagné d’études d’intelligence économique et de due diligence.

S’entourer d’un cabinet d’avocat qui connaît ce marché (et son environnement économique, politique, social et culturel) est donc un préalable nécessaire.  Il saura intervenir non pas simplement sur les aspects purement juridiques, mais surtout dans le choix des partenaires (due diligence) ou encore dans les négociations parfois assez longues et complexes. 

C'est pourquoi, au-delà de l'emballement médiatique, l’accès au marché iranien devra se faire avec prudence et une certaine patience mais le jeu en vaut la chandelle dans ce marché de 80 millions d'habitant qui dispose d'une main d'oeuvre qualifiée et motivée. De notre connaissance pratique, très peu d’entreprises qui s’y sont risquées ont eu à le regretter.


Zia Oloumi, Avocat franco-iranien, Docteur en droit, octobre 2016

jeudi, octobre 06, 2016

Les opportunités d'affaires en Iran

Pourquoi l'Iran est un marché intéressant?

Avec un âge moyen de 28.8 ans, plus de 42% de la population iranienne se situe en-dessous de 25 ans et avec plus de 98,5% d’adultes homme et femme alphabétisés et âgés entre 15 et 24 ans, seulement ¼ des 80 millions d’habitants vit dans les grandes villes, représente un marché très attractif. Représentant une taille de marché à 80 millions d’habitants équivalent à un PIBR de 425.5 milliards de dollars américains en 2014, et avec une estimation de croissance de 4-5.5% d’ici 2017, l’Iran est aussi la seconde plus grande économie et possède la seconde plus grande population dans la région MENA.

Offrant de nombreuses opportunités d’investissements dans les secteurs des systèmes développés de l’information, du nano et de la biotechnologie, de la pharmaceutique, du tourisme, de la construction, de l’infrastructure et de l’énergie, l’Iran a un grand potentiel d’augmentation des échanges sur le marché international. Durant l’été 2016, le gouvernement a débloqué un crédit de 4 milliards de dollars de support financier pour les petites et moyennes entreprises afin d’accélérer la production interne, d’ouvrir de nouvelles opportunités d’investissements, des marchés grandissants afin de permettre un gain économique colossal pour les secteurs interdépendants, les activités et échanges, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

Les échanges commerciaux facilités ont ouvert des portes pour améliorer les relations internationales en faveur des entreprises iraniennes et des investisseurs étrangers. Avec des accords d’investissement à plus de 100 milliards de dollars en 2016 et plus de 16.3 milliards de dollars d’exports hors pétrole à la première moitié de l’année 2016. Nous sommes à l’aube de grands potentiels à venir par la coopération de l’Iran avec le marché économique global.

Est-ce sûr de faire affaires en Iran?

L’Iran a prouvé qu’elle était très solide en gestion de plans de développement intérieur. A l’extérieur, en termes de développement de relations et d’échanges durables, l’Iran a su regagné la confiance malgré certains courants politiques néfastes. En termes de relations diplomatiques, il est vrai qu’il y a eu quelques fluctuations, mais les tendances sont à l’amélioration visible et importante de ces relations.

Heureusement, dans le monde des affaires, nous comprenons clairement les flous politiques, les effets négatifs du contrôle des médias, et ceux qui ne supportent pas de tels échanges.  Nous procédons avec une approche factuelle: Il y a eu des temps de politiques extérieurs difficiles en Iran, néanmoins, il y a eu de grands courants d’améliorations des relations et des échanges pendant ces temps difficiles, et à présent, avec le Plan global d’action conjoint (JCPOA), les choses se sont clairement améliorées.

En termes d’analyse de risque stratégique, un point important est d’étudier à quel point les choses se sont développées durant ces temps durs. Pendant cette période de fermeture, l’Iran n’a jamais cessé de développer les affaires et le développement de l’import-export, les constructions, l’informatique et télécommunication, la cyber-sécurité, la nano et la biotechnologie, l’industrie, l’aéronautique et le système éducatif.  Il est vrai que cette période de fermeture a causé des difficultés économiques au niveau micro-environnemental et a rendu la vie difficile pour les habitants et les affaires, mais la solidarité, la culture de la coopération et l’unité du peuple à travers le développement a engendré de grandes avancées dans de nombreux domaines.

Jusqu’en 1988, le développement régressait

Pour mieux comprendre cet environnement, il est important de connaître un peu l’Histoire. Pour commencer, parlons de la révolution islamique de 1979. Les transformations et restructurations majeures d’un gouvernement totalement différent ayant des valeurs et des buts différents, une politique d’incompréhension avec l’Ouest, des fermetures de portes aux échanges internationaux, une réserve économique anéantie et les conséquences des 8 ans de guerre en combat rapproché avec le régime de Saddam Hussein encouragé par de nombreux partisans furent la cause de beaucoup de pertes et de ruines délaissées.

Jusqu’en 1988, le développement n’était pas simplement en pause mais régressait à cause de la reconstruction infrastructurelle et de la guerre épuisante ayant coûté 500 milliards de dollars et un demi-million de pertes humaines. Pendant ce temps, là où le monde allait de l’avant avec les révolutions industrielle et technologique, l’Iran payait de son sang, de l’énergie de sa jeunesse, de ses talents et fonds pour résister à la soudaine guerre imposée. Finalement, étant hors de contrôle, en 1988, un cessé le feu de la part des Nation Unies fut émis pour arrêter l’utilisation des armes chimiques de Saddam Hussein. L’Iran put récupérer toutes les terres occupées et rien en échange de ses pertes à part d’énormes transactions d’argent pour armer les commerçants, une plateforme humaine de test de l’industrie de l’armement des grandes puissances ainsi que de lourdes pertes. En conséquence, le développement n’était pas stoppé mais allait à reculons en termes de développement et de finance dans les branches industrielles. La seule entrée d’argent provenait des revenus sous tarifés du pétrole dans un marché énormément fluctuant accompagné d’un énorme investissement de la part des entreprises internationales et d’autres acteurs du marché.

Après la guerre, le gouvernement a assuré l’ordre et depuis, la recherche intérieure et le développement a progressé en continue. Beaucoup de développement et de reconstruction efficaces ont été entrepris par le gouvernement et beaucoup d’améliorations en infrastructure, en recherche industrielle et en développement ont été atteints. Ainsi, la tendance est à l’amélioration chaque jour. La situation politique fut une réussite et l’Iran a ouvert les portes aux investissements étrangers directs et indirects ainsi qu’aux partenariats avec beaucoup de collaborations continues.

Pendant la période de fermeture, dans une logique liée à un énorme marché avec un accès interne à beaucoup de ressources naturelles et de richesses privées, une population bien renseignée et passionnée et beaucoup d’éléments culturels sociaux promouvant la croissance, l’Iran a bien avancé dans beaucoup de secteurs tels que l’aéronautique, les industries connexes, la sécurité et les veilles technologies, l’énergie et le pétrole, la technologie de l’information, l’infrastructure, la télécommunication et bien plus encore.

Une main d'oeuvre travailleuse et engagée

Ces derniers avancements ont été grandioses, cependant, la perte considérable de dix ans au moment du développement global est difficile à rattraper pour le marché. Faisant des programmes de développement une priorité, beaucoup de secteurs ont été laissés sous-développés. La priorité a évidemment été la bonne stratégie à suivre pour stabiliser la situation politique du pays, pour renforcer l’armée, reconstructions des dégâts par conséquence de la guerre, pour survivre et sécuriser la production interne, pour développer les industries autour du pétrole, pour promouvoir la production interne, réduire les importations afin de garder le plus d’argent en circulation à l’intérieur du pays et pour investir dans le développement des compétences du capital humain.

Cela a demandé beaucoup de courage, de sacrifices, de fraternité et de patriotisme pour résister et ne pas cesser à développer. La main d’œuvre iranienne travailleuse, visionnaire et engagée a permis et supporté l’avancement en tirant de chaque opportunité le meilleur, ce qui est un trait naturel commun du peuple iranien en tant que stratégie de survie d’adaptation. Cette stratégie de développement a créé de nombreuses opportunités pour augmenter les échanges étrangers. Durant les 35 dernières années, l’Iran est pourtant restée un pays riche avec des stratégies d’autosuffisance efficaces.

Aujourd’hui il y a un besoin d’investissement, le gouvernement supporte les échanges internationaux et facilite les procédures et il y a un grand renfort de connaissances et d’ouverture. En plus des habitants fournissant des services pour une collaboration accrue, de l’extérieur aussi, il y a de nombreux professionnels qui apportent des services en parallèle des premiers, afin de faciliter les procédures et de permettre un centre de gestion accessible pour les échanges internationaux.

Pour les stratèges et les modèles d’affaires proactives, il est certain qu’il y a un grand potentiel à exploiter, et le temps passe. Bien-sûr les politiques de développement sont différentes dans chaque pays, mais en regard des circonstances, la résistance de l’économie de l’Iran est une bonne preuve d’une stabilité interne et de la clarté des programmes de développement.

Les dernières tendances économiques

L’Iran a prouvé qu’elle était très solide en gestion de plans de développement intérieur. A l’extérieur, en termes de développement de relations et d’échanges durables, l’Iran a su regagné la confiance malgré certains courants politiques néfastes. En termes de relations diplomatiques, il est vrai qu’il y a eu quelques fluctuations, mais les tendances sont à l’amélioration visible et importante de ces relations.

Heureusement, dans le monde des affaires, nous comprenons clairement les flous politiques, les effets négatifs du contrôle des médias, et ceux qui ne supportent pas de tels échanges V.S. des échanges et potentiels en cours basés sur des recherches approfondies et des analyses de risques.  Nous procédons avec une approche factuelle : Il y a eu des temps de politiques extérieurs difficiles en Iran, néanmoins, il y a eu de grands courants d’améliorations des relations et des échanges pendant ces temps difficiles, et à présent, avec le Plan global d’action conjoint (JCPOA), les choses se sont clairement améliorées.

Le développement interne a très bien avancé dans certains secteurs et l’Iran a gagné une puissante position dans l’exportation hors pétrole. D’après les rapports officiels, les exportations hors pétrole pendant les quatre premiers mois de 2016 ont atteint les 16.3 milliards de dollars. Cette amélioration dans ce secteur suit les politiques du programme de développement Economical Independency from Oil. Il y a beaucoup d’investissements internes et externes réalisés dans les secteurs hors pétrole, de plus, beaucoup d’opportunités et de marchés se créent.

L’accord récent a déjà ouvert des portes pour les investisseurs étrangers. La Russie, l’Italie, la France et l’Allemagne ont des échanges d’affaires réguliers dans l’automobile, le luxe, les secteurs ferroviaires etc. estimés à plus de 100 milliards de dollars. Il y a également beaucoup de petites et moyennes entreprises provenant d’autres pays, beaucoup d’incognitos parmi les entreprises des Emirats Arabes Unies, de la Chine, de l’Inde etc. et beaucoup de partenaires locaux investissant gros grâce à une taille de marché  à 80 millions d’habitants.

Il y a beaucoup de courants politiques essayant de stopper le flux de fonds et l’attention du marché iranien en essayant de rendre le processus d’échanges plus compliqué pour les entreprises, mais en réalité, les investisseurs connaissent leur milieu et profitent du champs plus avantageux avec moins de concurrents. Les adeptes rapides de la stratégie construisent de solides relations avec les secteurs correspondants, les partenaires et les affaires en Iran  en « jouant le marché » discrètement afin de ne pas attirer l’attention. 

En juin 2016, la Russie et l’Iran ont signé un accord d’investissements de 40 milliards de dollars grâce auquel, le développement de voies ferrées et la construction de quatre centrales nucléaires de 350 mégawatts sont en cours.

Au début d’août 2016, un autre budget pour les investissements étrangers à hauteur de 992 milliards de dollars a reçu confirmation du Gouvernement. Cet investissement cible le développement et la construction du tourisme, des hôpitaux, des entreprises de l’alimentation ainsi que plusieurs projets de plus de 200 mégawatts de générateurs éoliens à travers le pays.

Opportunités et Développement

Le secteur privé représente beaucoup d’opportunités d’investissements. Les infrastructures sont bien développées dans les villes majeures mais une part massive du pays est sous- développée et ouverte à des supports financiers et des projets de gestion. La construction, les routes et ponts, l’énergie, la nanotechnologie, la biotechnologie, le tourisme et les services sont les principaux domaines à potentiel élevé pour les investissements. 

Pour la plupart, l’infrastructure est suffisamment développée par une réaction active qui intervient naturellement dans une période économique difficile et contexte de restructuration du Gouvernement, de la bureaucratie, des valeurs et des procédures. Ainsi, dans une stratégie de développement de survie, les développements se font dans les besoins prioritaires. Ce développement d’atout est la partie intéressante pour les investisseurs car ils savent qu’il y a un besoin : les potentiels ne sont pas maximisés dans beaucoup de secteurs. On peut difficilement penser à un secteur sans besoin de développement. C’est un pays énorme avec un marché énorme dans une culture dépensière aux critères élevés, et en même temps productive et stratège. En résulte un marché montrant une tendance facile et rapide au profit des produits et services consommables. En même temps, les stratégies de développement durable ont beaucoup à exploiter dans un pays à grands potentiels avec une nécessité substantielle de développement et un minimum de dépendance quant aux fournisseurs principaux dû à l’absence de relations et d’échanges significatifs avec les Etats-Unis.

Les petites et moyennes affaires ont un vaste horizon de croissance accompagné d’un grand soutient de ressources humaines requises et de talents disponibles en Iran. Les plus grandes entreprises sont légèrement plus dépendantes des politiques de relations intra et intersectoriels. Les alliances stratégiques à petites échelles créent de plus grands partenaires et font ainsi plus gros poids dans différents domaines et secteurs. L’Iran représente  beaucoup d’opportunités dans les développements à petite et grande échelles et dans les alliances stratégiques promettant ainsi un bel avenir de croissance.  L’Iran est très accueillante, culturellement et d’un point de vue des investissements. Une affaire bien organisée et bien implantée avec une stratégie de développement proactif aura un horizon dégagé aussi longtemps que cela créer des valeurs partagées. Le facteur de compétition pour la majorité est l’investissement et la stratégie. Des ressources humaines talentueuses, compétentes et instruites, des professionnels technologiquement avancés, une cyber sécurité pilotant une infrastructure de données et une nouvelle génération iranienne tenace et ouverte d’esprit sont des avantages précieux pour la future croissance économique et industrielle de l’Iran.

Source : Challenge.fr 

Par Kourosh SHAMLOU, avocat et Saman Sarbazvatan  conseiller en intelligence d’affaires