samedi, mars 04, 2017

Bercy mobilisé pour renouer les relations bancaires avec l’Iran

Lors d’une première visite en Iran ce week-end, le ministre des Finances tentera de lever les sujets de tension. La Banque de France a demandé à La Banque Postale d’ouvrir un droit au compte à l’iranienne Tejarat.

C'est une première pour le ministre des Finances français. Michel Sapin entame ce samedi une visite de trois jours à Téhéran et Ispahan pour dégeler les relations financières entre la France et l'Iran. En jeu, les dizaines de milliards d'euros de financement de projetsinitiés par Airbus, Vinci, la SNCF, Total, Suez, CMA-CGM, PSA ou Alstom qui sont mis en risque par le refus des grandes banques françaises de financer de près ou de loin toute transaction commerciale avec l'Iran. Les récentes sanctions infligées par Washington, notamment à BNP Paribas, ont en effet laissé des traces. 

Sur sollicitation du Trésor, seules les banques de taille intermédiaire, Wormser et Delubac, se sont attelées à ce stade à financer le marché iranien en faisant crédit à des entreprises françaises exportatrices. Quant aux banques iraniennes qui ont relancé leurs activités à Paris depuis la levée des sanctions sur le nucléaire, Tejarat, la banque Melli, ou Saderat, elles ne trouvent aucun interlocuteur bancaire de taille majeure pour opérer des transferts de fonds sur une base normalisée.

Pour des raisons techniques, la Banque de France a demandé par le passé à La Banque Postale d'ouvrir un compte à la banque commerciale Tejarat. En visite à Paris fin janvier, Mohammad Ibrahim Moqaddam, le dirigeant de la banque commerciale détenue à 17 % par l'Iran, s'est félicité que  « les entreprises françaises puissent maintenant s'adresser directement à sa filiale parisienne pour envoyer et recevoir des paiements pour leurs transactions avec l'Iran ». Ali Mehrpour, le directeur des affaires internationales,  s'est félicité d'avoir établi des relations de correspondance « avec trois banques françaises à ce stade », dont La Banque Postale, comme l'a rapporté le quotidien iranien « Financial Tribune ». Pressée depuis plusieurs années de servir de courroie de transmission avec l'Iran - notamment par le sénateur Philippe Marini -, la banque publique circonscrit néanmoins son rôle.  « C'est un droit au compte conforme au droit international qui a été ouvert il y a un certain temps à la demande de l'autorité de tutelle », assure l'établissement. 

Transformer l'essai

La banque Tejarat a néanmoins de sérieuses ambitions en France. Reza Dolatabadi, membre de son conseil d'administration, a dit que,  « en tant que partenaire bancaire de Iran Khodro, l'allié de Peugeot dans le pays, Tejarat est prêt à émettre des lettres de crédit et d'autres garanties » pour leur joint-venture.  « Notre filiale parisienne joue un rôle important pour accroître ses services avec la partie française », a ajouté Ali Mehrpour. 

Michel Sapin a trois jours pour transformer l'essai. Cela passera par le déblocage de prêts du Trésor, qui butaient sur les réticences de son opérateur financier, Natixis. Ces prêts pourraient venir soutenir Alstom dans le cadre du projet de tramway de Téhéran, et Vinci, candidat au développement de l'aéroport d'Ispahan. Des accords cadres d'assurance crédit auxquels travaille bpifrance pourraient être définis. Enfin les discussions porteront sur la conformité aux règles en matière de lutte contre le financement du terrorisme, le directeur de Tracfin devant rencontrer son homologue iranien. L'enjeu est crucial : sortir l'Iran de la liste noire du Groupe d'action financière d'ici à juin. Avec, à la clef, l'ébauche d'une levée des réticences des banques françaises.


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